C’est un exercice à contrainte de plus en plus difficile : comment composer son petit sac quand on part pour un périple lointain sans garantie de trouver son bagage sur le tapis roulant de la destination finale ? On doit en théorie y caser un nécessaire de survie complet avec des exceptions de plus en plus nombreuses : pas d’objet en métal, pas de denrée périssable, pas de flacon de plus de plus 20 ml, pas de document compromettant au regard des autorités locales…
Proscrits donc les outils basiques du castor junior, le couteau suisse ou le leatherman. Interdits la petite bouteille d’eau (que l’on devra acheter à prix d’or dans la salle d’embarquement) ou le vaporisateur anti-moustiques. Pourtant il faut bien se doter de quelques ustensiles nécessaires à quelques jours d’autonomie dans bagage. Pas simple : le PQ arrive en tête, suivi par la trousse de toilette réduite à sa substantifique moelle. Nous ajouterons pour le gros du chargement un change complet (le plus léger possible) comprenant éventuellement un Kway pour les pays sensibles à la mousson (le mini-parapluie pourrait ne pas passer la rampe). Un paréo peut être utile pour faire office de serviette de bain, de toilette ou même de torchon le cas échéant. Un pourra ajouter une casquette ou un chapeau roulé (un panama pour les plus riches) ainsi que des lunettes de soleil. L’idée générale restant, lorsqu’on se dirige vers les zones tropicales, de porter un maximum de choses sur soi – chaussures fermées, veste, pantalon – pour gagner un maximum de place.
Outre un guide, l’idée peut être d’emporter un ouvrage instructif mais divertissant pour les attentes nocturnes dans les aéroports. Les oeuvres sérieuses demandant un peu plus de concentration peuvent rester dans la bagage en soute. Reste maintenant le dilemme le plus délicat : faut-il emporter des objets connectés ? Téléphone, tablette ou ordinateur portable ? Pour ma part le choix est fait. Le téléphone restera dans un tiroir. La question de la tablette ne se pose pas. J’emporterai, pour la première fois, mon ordinateur portable. Il est assez vieux pour accepter de mourir dans un pays exotique (toujours considérer qu’un objet emporté peut ne pas revenir) et il pourrait me prendre des envies d’écrire, avec ou sans connexion, peu importe.
Le risque : arborer, même si la machine est a priori invisible, des signes extérieurs de richesse. Très mauvais. Mais le plus à craindre ne proviendra vraisemblablement pas de l’environnement mais du sentiment intime d’avoir quelque chose à cacher. Nous sommes assez doués pour nous compliquer l’existence tous seuls, non ?