L’heure est à la mise à jour du guide « S’installer à Nantes » dont la première édition date de juin 2011. La seconde paraîtra en novembre 2014. Ce « Nantes » était l’un des premiers titres d’une collection lancée par une jeune maison d’éditions parisienne « Héliopoles », qui trace depuis lors sa route avec intelligence et ténacité. La collection compte désormais une vingtaine de titres, parmi lesquels Londres et Montréal, mais aussi Lorient et Mulhouse.
L’exercice est à la fois passionnant et délicat : il s’agit de présenter une ville à des lecteurs qui souhaitent s’y installer durablement. Leur donner les clefs, en quelque sorte, leur expliquer les mentalités, les usages, mais aussi balayer tous les champs de préoccupation d’un nouvel arrivant (le logement, l’école, le commerce, les déplacements, la culture, les loisirs …). L’avantage est qu’il ne s’agit surtout pas d’un guide touristique. On peut donc, quand c’est justifié, dire du mal, évoquer les points faibles de la ville, les mauvais plans, les embouteillages…
La géographie d’une ville étant le fruit de son histoire – c’est particulièrement vrai pour Nantes où les comblements de la Loire ont bouleversé la physionomie du centre – j’ai pris un grand plaisir lors de la rédaction de la première mouture à esquisser l’histoire de cette ville, qui fut longtemps l’un des premiers ports du royaume (ce qui explique que l’on y délivre encore les passeports). Ce ne sera malheureusement pas la partie la plus importante à retoucher, la lecture de l’histoire du XVIIIe ayant peu bougé depuis 2011.
En revanche, il va falloir vérifier les horaires, les adresses, les téléphones des commerçants, des crèches et des piscines. Pas très excitant, me direz-vous. Je vais pourtant le faire avec plaisir, après avoir sacrifié au rite d’une petite séance de travail à Paris, avec Zoé et Christophe, mes éditeurs. La maison ne roule pas sur l’or, mais elle conduit cette collection avec une conviction, un humour, un entrain qui réconcilierait le plus cossard des auteurs avec le travail.
Allez, une petite louche pour donner l’ambiance (le premier qui m’allume pour avoir ouvert sur Julien Gracq est à l’amende d’une citation plus évocatrice) :
« Ni tout à fait terrienne, ni tout à fait maritime : ni chair, ni poisson… » La formule de Julien
Gracq sied bien à Nantes. Ville portuaire, place de négoce, la cité des Ducs chère à l’écrivain de Saint-Florent-le-Vieil est tournée d’un côté vers l’océan, de l’autre vers la vallée de la Loire. Ni totalement bretonne, ni vraiment vendéenne, partagée entre les toits en ardoise au nord et les premières tuiles au sud, Nantes est un carrefour entre terre et mer, une ville d’échanges, à l’image des ports d’estuaire du nord de l’Europe, dont elle fut longtemps la rivale. Les multiples influences qui ont marqué son histoire, venues d’Espagne, de Hollande ou des Antilles, en font une cité ouverte, quelque peu détachée de son arrière-pays. Nantes, première agglomération urbaine de l’Ouest – 600 000 habitants – est une ville en soi. Il n’y a pas d’accent nantais, pas d’identité affirmée non plus, on est Nantais par adoption, par choix, peu importe d’où l’on vient. On y retrouve toutefois une manière de vivre propre aux gens de l’Ouest, qui se traduit par une certaine réserve de prime abord mais s’estompe rapidement quand la confiance est installée.
Bonne semaine sous le soleil, et si vous avez des bons plans à signaler, n’hésitez pas.