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Le terre serait ronde

par Eric Chalmel 
Cela fait longtemps que je n’avais pas lu un roman historique, genre pour lequel je nourris d’instinct une prévention injuste, sans doute écœuré d’avance par le volume étouffe-chrétien qu’il nous faut (trop) fréquemment avaler. « Le Malais de Magellan », le dernier-né de Philippe Dossal avec ses quelque petites cent soixante pages, a l’élégance de nous éviter l’indigestion. Mieux, il a du goût, et même, sur la fin, du perlant – comme on dit par chez nous.
C’est donc avec un vrai plaisir qu’on se laisse balader au temps de François Ier, du côté d’Alençon que Philippe Dossal connaît bien, à la cour de la duchesse Marguerite, sœur du roi-chevalier, reine de Navarre, grand-mère du futur Henri IV, et accessoirement femme de lettres, immortelle auteure de « L’Heptaméron ». Mais rassurez-vous, pour être en costume le roman n’en rajoute pas dans le pourpoint chamarré. Nous avons affaire à un trio de jeunes gens qui portent les jeans de l’époque. Un apprenti-imprimeur typographe qui rêve de bazarder l’illisible gothique, son pote graveur sur bois et la charmante (et peu farouche) chambrière de la duchesse. Nous suivons leurs pérégrinations entre Alençon et la Normandie (le voyage, en ces temps où les lignes régionales de la SNCF n’existaient pas, était une aventure dangereuse), peintes par touches impressionnistes. Derrière la description de ces vies somme toute ordinaires, nous devinons, c’est la force du roman, qu’un « nouveau monde » est « en marche » (je reprends les termes malicieusement glissés par Dossal), et même une révolution : nos trois amis lancent leur start-up en cherchant à éditer le récit de la première circumnavigation d’un certain Fernando Magellano, entreprise complexe et périlleuse, et s’habituent à l’idée, avec cependant un peu de perplexité, que la terre serait ronde. Mais le nouveau métier d’imprimeur n’est pas sans risque, surtout lorsqu’il imprime nuitamment des évangiles en français, provoquant la fureur de l’ancien monde catholique et bientôt la révolution protestante. Mais la vraie révolution, la plus perceptible pour nos amis, celle qui les enthousiasme et nous avec eux, est sans doute la révolution typographique du passage à l’écriture romaine et à la ponctuation des textes, ainsi qu’au livre illustré, innovations technologiques qui rendent lisibles des textes jusque là réservés à l’œil savant des seuls hommes d’Église. Leur start up typographique prendra même un jeune stagiaire prometteur du nom de Garamont…
Évidemment, tout ceci est une fiction. Mais si vraie qu’on se croirait embarqué dans un reportage au XVIe siècle. Philippe Dossal, qui maîtrise à merveille le récit de voyage (et sa passion pour l’histoire de la chose imprimée), nous a offert cette fois-ci un joli récit de voyage dans le temps, qu’on trouvera pour la modique somme de 12 € dans l’excellent café-librairie Les Bien Aimés, sis rue de la Paix dans notre bonne ville de Nantes.

L’atelier de l’éditeur 2

C’est fait, l’atelier du polygraphe est un authentique éditeur. Je viens en effet de recevoir l’indicatif éditeur de l’AFNIL (Agence Francophone de Numérotation Internationale du Livre) et les dix premiers numéros d’ISBN (International Serial Book Number) pour les publications à venir. Le premier ouvrage de l’atelier sera donc Le Malais de Magellan. La maquette est désormais réalisée et le texte n’attend plus que ses derniers amendements. La composition en garamond, assez gourmand en papier, a réservé une surprise ; l’ouvrage ne comptera pas 128 pages comme je le pensais, mais 164. Les chapitres s’enchainent pourtant sans saut de page comme ce fut longtemps l’usage pour économiser la matière première. Reste maintenant à saisir les dernières corrections, qui portent essentiellement sur la ponctuation et l’harmonisation de la typographie.

 

Cette maquette est accompagnée de plusieurs options de couverture. Il faut à présent choisir la couleur et à arbitrer entre un lettrage blanc et un lettrage noir. Nous verrons au moment du choix définitif du papier. Ce qui induira vraisemblablement un passage à Alençon, où se trouve l’imprimerie, en écho au contenu du livre, qui évoque la première imprimerie de cette bonne ville.

Une semaine après son lancement, la souscription est close. Les cinquante premiers exemplaires sont en effet réservés (merci à tous). Une nouvelle date est également fixée pour la sortie publique : le samedi 21 avril à La Maison du Port de Lavau-sur-Loire. Cette date s’ajoute au salon du livre du château de Blain qui aura lieu, pour sa part, les 7 et 8 avril.  Je ne sais pas encore si je le proposerai à la vente sur un site en ligne ou s’il faudra passer par cet atelier. Nous verrons. Pas facile le métier d’éditeur. Il faut penser à tout. Mais il est assez excitant de conduire une telle entreprise et de compléter cet atelier d’une petite maison d’édition.

Bonne semaine à tous.