Archives par étiquette : breton

Le breton à Harvard, l’anglais à Nantes

Deux informations rigolotes se télescopent à quelques jours de la rentrée universitaire. Le breton sera désormais enseigné à l’université d’Harvard aux Etats-Unis et il sera possible d’étudier Marcel Proust en anglais dans les universités françaises.

 aux élèvesCe pied-de-nez involontaire des anglo-saxons à l’exception culturelle française est assez joli. A vouloir trop en faire le centralisme parisien se trouve pris à son propre piège. Pas assez puissante pour s’imposer comme langue véhiculaire, la langue française recule logiquement devant l’anglais pour séduire les étudiants étrangers, pendant que les Américains accordent l’asile politique à l’une de nos plus belles langues vernaculaires. Ce dernier terme est d’ailleurs impropre, puisque les anglo-saxons semblent avoir bien compris que le breton, comme le gaëlique, est l’héritier de l’une des plus anciennes langues indo-européennes, envers laquelle la plupart des langues occidentales ont une précieuse dette.

 Les Français se sont comportés comme des barbares de la pire espèce en interdisant l’usage du breton au début du XXème (je peux en témoigner, mon propre père en a fait les frais, interdit de breton à l’école, qui ne pouvait plus converser avec sa propre mère dans sa langue natale). D’une certaine manière c’est un peu comme si on avait interdit l’usage du latin aux populations qui l’auraient encore parlé, au nom d’une intégration à toute force. N’importe quoi.

 Il est vraisemblable que la possibilité d’enseigner Proust en anglais offerte par la nouvelle loi sur les universités sera peu utilisée. Nous ne nous en plaindrons pas. En revanche que l’anglais soit choisi, ici ou là comme langue d’enseignement n’est pas une mauvaise nouvelle. Et ceux qui s’en offusquent se trompent. Le fait de parler plusieurs langues est une richesse pour tous. Il assouplit les neurones, élargit l’univers mental. Qu’il s’agisse de l’anglais, du breton ou du papou. Peut-être un jour nos élites le comprendront-il. Le problème est qu’il sera un peu tard pour le breton, qu’il faudra aller étudier… aux Etats-Unis.