Le retour du Malais de Magellan

Marguerite de Navarre

Les familiers de cet atelier ont peut-être en mémoire les premiers essais de la suite que j’entendais donner au Malais de Magellan, paru en 2018. Est-ce une bonne ou une mauvaise nouvelle pour la littérature ? Je ne sais, mais j’ai décidé de reprendre ce second volet, désormais bien avancé, qui pourrait paraître au printemps 2024. Si ces Essences souveraines, titre provisoire, sont appelées à se tenir toutes seules, elles mettront en scène les mêmes personnages et les lecteurs du Malais bénéficieront de précieux éléments de contexte. Problème, le livre, qui a recueilli un succès d’estime à la hauteur de ses modestes ambitions (300 exemplaires) est épuisé. Il n’est pas exclu qu’il soit réédité un jour, en compagnie du deuxième, voire du troisième volet, mais la question ne se pose pas pour le moment. J’ai donc eu l’idée de le publier en feuilleton dans cet atelier pour permettre à tous de le feuilleter, de se rafraîchir la mémoire, ou tout simplement de le découvrir. Si tout va bien – si je maîtrise convenablement la presse numérique – ce qui n’est pas gagné -, à raison d’un chapitre semaine, l’ensemble sera mis en ligne fin 2023 et pourra être consulté à loisir chapitre par chapitre.

Pour ce numéro zéro, je vous propose de consulter la maquette de la couverture (ci-dessus), qui donne l’argument, et de jeter un oeil sur l’avertissement, avec une singularité. Cet avertissement, retrouvé dans les archives de l’édition papier, n’est pas celui qui a été imprimé. Il en diffère dans la forme, mais l’esprit est le même. Il est, par ailleurs précisé que ce petit livre est imprimé en Garamond, ce qui est la cas sur papier, une police de caractère créée à l’époque par Claude Garamont (avec un t). Ce ne sera pas le cas dans cet atelier puisque wordpress ne propose pas ce caractère. Bonne entrée en matière et à la semaine prochaine pour le début des hostilités.

Avertissement

Prends garde, ami lecteur, au titre de ce petit livre. Le Malais de Magellan ne t’emmène pas naviguer sur les océans. Il n’est guère question, dans les pages qui suivent, du capitaine génial et sanguinaire qui franchit pour la première fois l’obstacle têtu qui barrait la route des Indes orientales. Si c’est cette perspective qui t’a conduit à prendre en mains ce livret, passe ton chemin, tu éviteras un malentendu. Si, en revanche, tu es curieux de connaître les femmes et les hommes qui ont mis en lumière le récit de cette première navigation autour du monde, tu peux tenter la plongée.

Mais sache que tu arpenteras plus souvent les ateliers des imprimeurs normands que tu ne fréquenteras les îles aux épices. Tu passeras l’essentiel de ton temps en compagnie d’un jeune typographe, d’une nonne défroquée et d’un poète de cour. Tu t’étonneras peut-être du rôle des femmes dans la configuration du monde qui se dessine, tu n’en sentiras pas moins l’odeur du bûcher.

Arrivé au terme de ce voyage en Garamond, c’est le caractère d’imprimerie que tu déchiffres en ce moment même – tu croiseras Claude Garamont – tu seras tenté de mettre en doute la véracité de cette aventure. C’est ta liberté. Enrique de Malacca, le Malais de Magellan n’a pas bonne presse dans l’histoire officielle. Peu importe. J’espère simplement que ce récit te permettra de passer un bon moment et, je le souhaite, de considérer d’un œil neuf  le rôle des imprimeurs dans la représentation du monde qui est la nôtre.

Porte-toi bien.