Archives de catégorie : Chroniques

L’atelier de l’éditeur 4

Le Malais de Magellan va bien. La moitié des 300 exemplaires imprimés est d’ores et déjà écoulée, un petit mois après sa sortie. Outre ce succès d’estime, ce qui me touche le plus est la réception du livre par ses premiers lecteurs. Certes, ce sont principalement des souscripteurs, qui partaient avec un préjugé favorable. Mais ont, comme en témoignent les extraits de courriels reçus depuis quelques jours, adhéré à cette périlleuse fiction.  Mis en confiance par ses premiers retours Je vais maintenant élargir un peu la diffusion. A Nantes et vraisemblablement à Paris. Pour l’heure, hors Nantes, Alençon et Savenay, il vous faut cliquer sur le lien éditeur sur la colonne de droite pour l’obtenir par la malleposte (frais de port offerts).

Lu (d’une traite sous un beau soleil grec) ! C’est une très belle histoire, à la croisée de plusieurs univers passionnants très bien servie par ton style haletant. L’intrigue d’imprimerie est vraiment bien trouvée. Le géographe que je suis va maintenant se renseigner sur cette histoire de premier homme à avoir fait le tour du monde. J.D. 

J’ai beaucoup aimé le lire. Je l’ai trouvé à la fois léger (facile à lire, court) et très dense (énormément d’info ds ces quelques pages). La chute est délicieuse, bien faite, et profonde. Tant que l’histoire de la chasse sera racontée par le chasseur… Pour moi qui ai grandi sur ces terres si familières ou se passe le récit, mais qui ai passé ma vie au monde des poules d’Inde, je pense qu’il y avait une saveur particulière, puisque la lectrice écrit aussi le livre.  Un regret, j’aurais aimé y voir la liste de ce que tu as lu pour rechercher ce livre qui m’a mis l’eau à la bouche. Envie d’en lire plus sur Marguerite de Navarre, sur cette époque (déjà lu quelque peu sur l’impact de l’imprimerie sur la croissance du protestantisme). Et puis bien sûr, vouloir démêler la fiction du vrai. Comme si c’était possible. R.L.

Lu en 2 jours. J’ai vu Léonard et Louise penchés sur les aventures du Malais de Magellan, signe que ça fonctionne. J’ai aimé l’ambiance et me demandais quelles lectures t’avaient le plus influencé. Enfin c’est la première fois que je m’arrête durant la lecture d’un roman pour observer la patte d’un p. G.J.

J’ai aimé l’écriture, très juste entre un style contemporain et témoin pourtant du langage de l’époque. Et ce que tu racontes est passionnant, sans que l’érudition soit écrasante, tu nous apprends plein de choses. Les personnages sont attachants et on y est tout à fait.
Hâte de lire une suite. C.B.

Dans ce que j’ai aimé, il y a aussi le mélange de choses dont on sent qu’elles sont historiques (ou très proches) et de descriptions de paysages, de relations entre les personnes, de mode de vie qui eux aussi doivent être assez proches du réel du temps. On sent que tu as grandement lu et compilé ! Bravo ! Et puis, j’aime bien une fin qui n’est pas un happy End sans pour autant être dramatique. Le roman et le ton d’ensemble restent “légers” dans un temps qui pourtant ne l’était guère, mais qui devait être vécu de façon bien moins dramatique que nous pouvons l’imaginer, tant la violence physique et la mort étaient présentes. J.P.L. 

J’ai terminé ton livre très vite après l’avoir commencé, parce que cela se dévore. C’est passionnant, étonnant et on apprend tant de choses: l’imprimerie, le tour du monde etc. C’est bien mieux que du J.C. Rufin! C’est tellement riche qu’il y aurait un second roman à faire que je vois presque inclus dans celui-ci et j’espère que tu le feras. C.D.

 

L’atelier de l’éditeur 3

C’est fait, Le Malais de Magellan est imprimé. Et,  ma foi, l’objet est est assez sympa. Conforme au projet en tout cas : un petit livre, modeste et malgré tout singulier. Un grand merci à l’imprimerie Bémographic d’Alençon, le pays des imprimeurs, pour ce travail soigné. Nul doute qu’une coquille ou deux trainent encore ici ou là mais, en dépit de multiples relectures, cela reste la loi du genre et le plaisir du malin lecteur.

J’ai profité de ce passage en Normandie pour approvisionner la librairie Le Passage, où ce petit livre va rapidement trouver sa place, et livrer les souscripteurs alençonnais. La rédaction d’Ouest-France m’a par ailleurs convié à un entretien autour du livre, à paraître la semaine prochaine. J’y retournerai les 2 et 3 juin pour le salon du livre de la Halle au Blé. Il va maintenant falloir s’atteler au dépôt légal et à l’expédition des exemplaires souscrits par courrier. Il va également falloir penser à déposer l’objet à la librairie Apostrophes de Savenay et aux Bien-Aimés de Nantes.

Pour les autres soucripteurs et pour les lecteurs intrigués par cette aventure, rappelons les deux rendez-vous prévus en avril dans la région nantaise, le salon du château de Blain, les 7 et 8 avril et un rendez-vous plus informel, le samedi 21 avril à la Maison du Port de Lavau-sur-Loire. J’y reviendrai sans doute.

Pour l’heure, je n’ai pas prévu de recourir aux sites de vente en ligne. Cet atelier me semble l’endroit le plus adapté pour procéder à la diffusion de cet objet artisanal par correspondance. La souscription couvrant les frais d’impression, je peux offrir le luxe aux lecteurs intéressés de payer à réception. Ce qui simplifie la vie de tout le monde. Il suffit pour cela de m’envoyer un courriel à l’adresse figurant au bas de la colonne de droite en indiquant une adresse postale. Mais avant cela il est utile de prendre connaissance de l’avertissement qui ouvre le livre.

Prends garde, ami lecteur, au titre de ce petit livre. Si tu imagines goûter un exploit
maritime, passe ton chemin, tu éviteras un malentendu. Le Malais de Magellan ne t’emporte pas sur les océans ; il conte l’aventure des artisans qui ont couché sur papier le témoignage de la première circumnavigation autour du globe.

Sache que tu arpenteras plus souvent les ateliers des imprimeurs normands que tu ne fréquenteras les îles aux épices. Tu passeras l’essentiel de ton temps en compagnie d’un jeune typographe, d’une nonne défroquée et d’un poète de cour. Tu respireras l’huile de lin, tu fréquenteras quelque taverne à matelots, tu consulteras la bibliothèque des princes, et tu t’inquiéteras parfois des odeurs de fagot qui flottent autour des églises.

Arrivé au terme de ce voyage en Garamond – c’est le caractère d’imprimerie que tu
déchiffres en ce moment même* – tu seras tenté de mettre en doute la véracité de cette relation. C’est ta liberté. Je gage simplement que le récit de ce tumulte pourvoira à ton contentement et, je le souhaite, t’invitera à vouer une bonne amitié aux premiers faiseurs de livres.

Porte-toi bien.

*pas sur ce blog, qui ne connaît pas le Garamond.

 

Le grand retour du contrôle social

Le bénéfice d’une vie privée placée à l’abri du regard du voisin n’aura finalement duré qu’un petit demi-siècle, grosso modo la seconde moitié du XXème. Juste une petite fenêtre de l’Histoire, entre le contrôle social millénaire opéré par la famille, la tribu, le coiffeur ou le curé, durant laquelle tout le monde savait à peu près tout sur tout le monde, et le contrôle social virtuel qui est en train d’enfoncer les barrières érigées par la reconnaissance d’un droit à la protection de la vie privée.

illustration : ukhumanrigthsblog

C’est une donnée nouvelle que nous n’avons pas encore totalement intégré. Sans doute parce que pour l’heure, ce sont principalement des personnalités publiques qui en font les frais (validant au passage la sentence de Montaigne « Plus un singe monte haut, plus on voit son derrière »). Mais personne ou presque n’est désormais à l’abri, pas même celles et ceux qui se gardent de s’épancher sur la toile. Aujourd’hui le système de reconnaissance faciale de facebook est capable d’identifier quelqu’un qui n’a pas de compte, qui n’a jamais mis les pieds sur le réseau. Certaines démarches étant désormais obligatoires en ligne, tout le monde ou presque est exposé.

Le problème du moment est, me semble-t-il, que nous ne sommes pas psychologiquement outillés pour réagir avec sérénité face aux dérapages ou pseudos dérapages qui sont exposés sans filtre sur la place publique. Le contrôle social passé avait généré un système de temporisation, de médiation, qui permettait, au besoin, d’amortir les chocs, de contextualiser, de relativiser. Les déclarations stupides d’un ado, un larcin, une relation adultère… disons les écarts à la morale dominante faisaient l’objet d’un traitement à leur mesure. Les crimes et les délits étaient traités par la justice.

Tous ces filtres, toutes ces protections ont sauté avec la rapidité des échanges, leur viralité et surtout l’absence de modération sur la planète numérique. Tout un chacun peut se retrouver exposé, à son corps défendant, sur les écrans de la terre entière sans avoir eu le temps de réaliser ce qui lui arrive. Sur l’autre versant, tout un chacun peut formuler des jugements définitifs sur le comportement réel ou supposé de tel ou tel contemporain, le calomnier sans état d’âme au nom de sa propre lecture de la morale ou de la justice. Entre le tweet et le tribunal plus de milieu, plus de temporisation. Il va falloir nous y habituer avant qu’une nouvelle forme de pondération voie le jour. Et adapter progressivement notre logiciel mental. Ce n’est pas gagné.

Un brin de soleil

Il y a sûrement plus déagréable que d’aller relire un manuscrit sous le soleil de l’océan Indien. Mais puisque les dieux et l’invitation d’un fiston en ont décidé ainsi, nous n’allons pas bouder notre plaisir. L’atelier sera donc au calme dans les semaines qui viennent, même si une carte postale ou une chronique des îles n’est pas exclue.  Je suis en effet curieux de découvrir Mayotte, ce petit archipel situé au sud de Zanzibar longuement évoqué dans un précédent récit de voyage, L’homme blanc.

 

vue de Mamoudzou, la capitale de Mayotte, DR

Direction Dzaoudzi-Pamandzi donc. Dans les bagages, l’odinateur portable et le texte du Malais de Magellan, qui doit impérativement être prêt début février pour être publié en avril. Cette publication artisanale, à l’image de mon premier forfait, Derrière la montagne, en 1998, rendue possible grâce à la complicité dune éminente professionnelle de la profession, m’enchante, même si la publication d’une première fiction me tétanise un peu. Nous resterons donc modeste avec un tirage de 300 exemplaires et un prix abordable, autour de 12€. Une souscription sera proposée en mars aux lecteurs impatients et aux amateurs de romans historiques.

Tout autre scénario pour le guide S’installer à Nantes, dont la deuxième édition est en rupture de stock chez l’éditeur. On doit approcher les 6 000 exemplaires vendus, ce doit en faire mon best seller comme auteur. Je suis donc mis en demeure par ma charmante éditrice, Zoé, de plancher tout le mois de février sur la mise à jour de l’objet, pour une sortie de ce troisième opus en juin.

Deux ouvrages, deux destinées différentes, mais un attachement incomparable entre ce travail de commande et la création d’un univers, la plongée vertigineuse dans les premiers temps de l’imprimerie. Période qui n’est pas, à mes yeux, sans résonner celle que nous vivons en ce moment. Une sorte de préhistoire de la révolution mentale à l’ordre du jour avec internet.

Le parallèle n’est, bien entendu, pas explicite, mais il sous-tend un peu ce travail. Avec la difficulté d’imaginer les craquements dans les têtes aux temps de l’apparition d’une pensée inviduelle  face à une religion qui enveloppait les esprits. Mais n’anticipons pas. Si vous souhaitez faire partie des souscripteurs, n’hésitez pas à me le faire savoir par mail (au pied de la col de droite). Ce sera sans doute une liste fermée. Histoire de réserver aux quelques amis lecteurs un objet singulier qui, s’il ne marque pas l’histoire de la littérature, sera je l’espère une occasion de prendre un peu de champ en s’immergeant avec plaisir dans une période qui a façonné la nôtre.

L’éditeur

Pour commander Le Malais de Magellan en ligne, rien de plus simple. Il vous suffit de faire parvenir votre adresse postale à l’adresse suivante : latelierdupolygraphe@gmail.com. Le paiement (12€) s’effectuera à réception. Les frais d’envoi sont offerts.

Pour les libraires, remise habituelle de 33%. Frais d’envoi offerts à partir de 5 exemplaires.

Le Malais de Magellan, L’atelier du polygraphe, avril 2018, 164 pages, 12€. ISBN 978-2-9512501-0-9.

Gaston, la pensée sauvage

Peut-on poser une grille de lecture philosophique sur une oeuvre de bande dessinée ? Philosophie Magazine semble le croire et le démontre avec un certain brio dans son dernier hors série consacré à Gaston.

“Un homme bienveillant qui veut améliorer le monde est foncièrement dangereux” commence par affirmer Clément Rosset au début de ce recueil de regards croisés. Histoire de mettre en lumière le fait que Gaston “le disruptif” comme il sera qualifié un peu plus loin, cet écolo avant l’heure, ce bricoleur de génie, pose des questions  fondamentales.

Parmi ces questions, il en est une fort habilement traitée par Martin Legros : le rapport entre bricolage et pensée. L’auteur note que, cinq ans après la naissance de Gaston, en 1962 précisément, Claude Lévi-Strauss publie La pensée sauvage, ouvrage au fil duquel il se penche sur la pensée mythologique, propre aux sociétés dites “primitives”, où les mythes sont en permanence réélaborés au gré des évènements qui se présentent, alors que dans la pensée scientifique et technique occidentale, il s’agit d’anticiper l’avenir par une suite d’hypothèses et de théories. “A la différence de l’ingénieur, le bricoleur ne subordonne pas chacune de ses tâches nà l’obtention de matières premières et d’outils, conçus et procurés à la mesure de son projet; son univers instrumental est clos et sa règle du jeu est de toujours s’arranger avec les moyens du bord” relève Levi-Strauss.

Le faiseur de mythes et l’adepte de Leroy Merlin auraient-ils donc un mode de pensée similaire ?” s’interroge, facétieux, Legros.  La réponse est donnée par Lévi-Strauss, toujours dans La pensée sauvage : “Regardons le bricoleur à l’oeuvre. Excité par son projet, sa première démarche pratique est pourtant rétrospective : il doit se retourner vers un ensemble déjà constitué, formé d’outils et de matériaux; en faire ou en refaire l’inventaire; enfin et surtout engager une sorte de dialogue, pour répertorier avant de choisir entre elles les réponses possibles que l’ensemble peut offrir au problème qu’il lui pose.”

L’anthropologue précise, en outre, que le bricolage se distingue de la technologie par sa poésie. “Il parle non seulement avec les choses, mais au moyen des choses, racontant par les choix qu’il opère entre des possibles limités, le caractère et la vie de son auteur.” Et Legros de conclure : “Gaston et Lévi-Strauss, chacun à sa manière, ont élevé la pratique du bricolage au rang d’un art. Mieux d’un véritable mode de pensée.”

Illustrations : Philomag ; Gaston, Franquin, éditions Dupuis.

Changer de moteur

J’ai pris la mesure de la puissance de notre instinct grégaire lors de ma seule (et mémorable) expérience de commerçant, durant six ans, comme bouquiniste. J’ai alors compris à quel point le fait de créer, puis de respecter les habitudes des clients est capital pour faire des affaires. Donner des lieux, des points de repères, des marques, des jours, des chemins tracés est au moins aussi important que la qualité de la marchandise (la came diraient mes amis) proposée.

C’est pour cela que l’on revend des fonds de commerce, des clientèles, toutes choses immatérielles, ce qui pourrait paraître idiot. En fait on vend des habitudes. De la même façon nous pouvons nous interroger sur notre fidélité à telle marque, telle boutique, alors qu’elles ont maintes et maintes fois changé de main, parfois radicalement modifié leur philosophie.

Notre façon de naviguer sur internet n’échappe pas à cette logique de chemins tracés, de sites habituels, de rituels quotidiens. Je connaissais ainsi depuis belle lurette le moteur de recherche Qwant, plein de qualités, de conception française, ne traçant pas ses utilisateurs, je l’avais essayé mais j’en restais à mon bon vieux google. Essentiellement par fainéantise.

Une annonce vient opportunément de me rafraîchir la mémoire et j’ai décidé de l’utiliser avec l’un des deux navigateurs que j’utilise régulièrement (en l’occurrence firefox). Et pour me contraindre à modifier mes habitudes, j’ai gravé Qwant dans le marbre de la barre de favoris après avoir viré google. L’idée n’est pas ici de faire de la pub pour un moteur plutôt qu’un autre, mais de témoigner du fait qu’un éclair d’énergie passagère peut parfois nous désengluer du marais de redoutables habitudes contre lesquelles nous pestons régulièrement.

Bonne semaine

L’illusion de la gratuité

La semaine dernière c’était un cyclone, cette semaine c’est un seau d’eau qui a mis le feu à la prairie. Radios, télévisions et journaux sont brusquement montés en température autour d’une information capitale. Emmanuel Macron aurait décidé de dormir sur un lit de camp et de prendre sa douche avec un seau d’eau au petit matin lors de son passage à Saint-Martin. Scandale interplanétaire immédiat, abondamment relayé par les réseaux sociaux : Macron met en scène son intervention aux Caraïbes.

Sauf que… l’information était fausse. Issue d’une supposée confidence de l’entourage du PR à un journaliste de RTL. Ce que révèle le lendemain deux journaux papier. Macron a tout simplement dormi chez un gendarme. La femme d’icelui s’est d’ailleurs montrée fort marrie que l’on mette en doute la qualité de son hospitalité.

Mais passons, cet épisode met en lumière la tragique dérive de ce qu’il était jusqu’alors convenu de qualifier de “grande presse”. Les journalistes, envoyés spéciaux et reporters de terrain, soumis à la pression de réseaux sociaux qui, tels twitter, se posent en agences de presse parallèles, réagissent comme des lapins pris dans les phares d’une voiture, ils plongent au jugé dans le premier interstice  venu. Histoire de montrer qu’il existent. Il fut un temps ou une erreur grossière de ce type eut été sanctionnée. Ce n’est plus le cas. On n’a plus le temps. Un phénomène étrange est en train de se produire. A l’image de ce qui se passe aux Etats-Unis ce n’est plus la réalité de l’information qui importe c’est son incandescence, sa capacité à déclencher un incendie, à générer du clic.

A l’opposé de ces tempêtes qui se déchainent régulièrement, un support consacré aux enquêtes au long cours vient de voir le jour à Nantes. Mediacités, se veut “un journal en ligne d’enquête et de décryptage consacré aux principales métropoles françaises.” Déjà implanté à Lille, Lyon et Toulouse, il ouvre à Nantes. Un pari insensé à l’heure où l’illusion de la gratuité est souveraine ? Pourquoi payer une information puisque je peux me faire une idée de l’actualité qui importe  aujourd’hui simplement et rapidement sur internet ? C’est oublier un principe simple : quand c’est gratuit c’est toi le produit.

L’idée n’est pas de faire la morale ce dimanche matin, mais d’attirer l’attention sur le fait que les véritables sources d’information se raréfient, faute de moyens, au profit d’un océan de clichés survendus, fabriqués pour chatouiller nos émotions.

On pourrait par exemple, en ce dimanche 17 septembre au matin, plutôt que de s’indigner à peu de frais sur le sort des Rohingas, qui envahit nos journaux sans que l’on y comprenne grand chose, se préocccuper de la situation des 27 mineurs isolés qui débarquent chaque semaine à Nantes, et que tentent de prendre en charge un collectif d’hébergeurs solidaires. Florence Pagneux, est allée à la rencontre de quelques familles qui accueillent discrètement ces jeunes gens, dont le souhait le plus cher n’est autre, pour l’un des garçons rencontré, que de devenir plombier. Des jeunes gens qui se réjouissent devant une trousse remplie pour aller à l’école. Mais pour prendre connaissance de cette enquête, il faut payerun peu  de sa personne, accepter de verser son écot à Médiacités, qui en retour rémunère correctement ses collaborateurs, lesquels réalisent de véritables enquêtes de terrain. C’est tout bête, ça s’appelle du journalisme.

 

 

avant l’obsolescence programmée

Il y avait une vie avant l’obsolescence programmée. Je viens d’en avoir la délicieuse confirmation en recomposant une chaîne haute fidélité des années soixante dix, qui me ravit chaque matin en autorisant un réglage ultra-précis de la radio grâce au tuner à aiguilles, et en permanence grâce à la rondeur et la clarté du son délivrée par l’ampli.  Les colonnes Cabasse y sont certes pour quelque chose mais le précédent matériel, pourtant griffé de marques prestigieuses (Marantz, Technics), ne permettait pas d’obtenir l’incomparable moëleux de ces vieux clous et surtout ne dissociait quasiment pas la stéréo.

C’est tout à fait par hasard que j’ai acquis au cours de l’été le tuner Kenwood à aiguilles, sur un vide-grenier. 5€, le risque n’était pas très grand et le vendeur était affirmatif et convaincant : il fonctionnait, selon lui, parfaitement, ce qui s’est vérifié de façon spectaculaire. Je ne supportais plus le tuner électronique précédent qui ne comprenait pas l’extrême sensibilité de la modulation de fréquence (FM) et les incidences de la météo. Seul l’aiguille d’un bon vieux vu-mètre permet d’opérer un réglage au petit poil. Restait ensuite à trouver un ampli à la hauteur du tuner. Celui en service, noir comme la nuit, aux commandes illisibles, n’avait plus de balance et de grosses faiblesses sur un des canaux.

Les dieux étaient de bonne humeur cet été puisqu’ils m’ont permis de découvrir, quelques jours plus tard, une boutique extraordinaire, près de l’ancienne prison de Nantes, justement spécialisée dans la réparation et la revente de matériels “vintage” comme on dit maintenant “Comme à la radio”. Il ne m’a pas fallu longtemps pour trouver mon bonheur dans cette caverne bourrée de madeleines métalliques pour les garçons de mon âge. Le vendeur, un fêlé de matériel de l’époque, et forcément de disques vinyles, a eu la gentillesse d’ouvrir la bête, pour me montrer l’état des composants et leur passer un petit coup de bombe, état nickel chrome malgré les quarante ans d’âge de l’objet.

Ne me reste plus maintenant qu’à retrouver une platine et remettre en circuit la paquet de vinyles qui dort au grenier. Ce sera pour une prochaine fois. Bonne semaine.