Il est des tentations auxquelles on est heureux de ne pas avoir succombé quand elles se sont présentées. Celle par exemple de sortir d’une librairie lesté du somptueux ouvrage consacré à l’oeuvre de Leonard de Vinci par l’éditeur allemand Taschen. Probablement le plus complet à ce jour et surtout le plus magnifiquement illustré. L’une des singularités de cette édition est de placer sa focale au plus près de l’oeuvre, proposant des reproductions en pleine page de moult détails. Une idée géniale – mais on n’en demande pas moins pour un ouvrage sur Léonard – pour qui n’a pas l’occasion de musarder tous les matins dans les musées du monde, couplée à un artifice technique très malin : l’emboitage se plie et pour se transformer, au besoin, en lutrin.
Il est des tentations auxquelles on est heureux de ne pas avoir succombé lorsqu’un ouvrage comme celui-ci s’invite comme par magie à votre table, qui plus est emballé dans un grande feuille cartonnée retraçant l’histoire de l’imprimerie. Exonéré de toute culpabilité, l’objet sort du champ de l’échange marchand pour devenir une pure promesse de plaisir à venir. Il n’est pas question ici de faire l’article sur Léonard, qui n’a besoin de personne pour exister, pas même sur cette édition, qu’il va maintenant falloir explorer, mais simplement de dire qu’en ces temps de frénésie, le simple fait de savoir que l’on peut à tout moment traverser le temps pour commercer avec un pareil personnage est une perspective délicieuse.
Une cocotte en fonte et l’oeuvre de Léonard à portée de main, finalement il est des privilèges discrets que l’âge apporte sans faire de bruit mais avec un heureux discernement.
Pour la touche de fantaisie, on peut ajouter “Léonard est un génie” (Turk et de Groot) ?
Nos 5° avaient gagné un concours : une après-midi avec les auteurs, fort sympathiques. A un moment, je signale une faute au dessinateur : il manque un u à “Disciplus simplex” sur le lit de Basile. Il sourit, on passe à autre chose. Arrive le moment des dédicaces, je lis la mienne : “A Pierre-Marie, discipulus non simplex”. Et toc !
…..poèmes… poèmes….euh! disons amusement… la rime et un compte des pieds y sont, mais aucune loi de la versification n’y est…. espièglerie, galéjade (?), pitrerie… pour la bonne cause.
Un peu de légèreté ne nuira pas me suis-je dit, n’est-il pas?
Merci Pascale, ces poèmes ajoutent une touche de fantaisie à cet évènement qui ne voulait pas en être un. Une cocotte, un livre somptueux, un vélo, un tableau et des poèmes, toutes choses appelées à durer . Quand l’intelligence, la sensibilité de vos amis se conjugue avec une bienvenue simplicité, on se dit qu’il n’est pas si désagréable d’avancer dans le temps.
La bicyclette oubliée….
Dès potron-minet me disais
Heureusement pour la rimaille
Que personne n’eût l’étrange idée
D’offrir pour couronner le tout
Un vélo ! la belle pagaille !
Il eût fallu, à l’inventaire du lutrin
Et des cocottes, joindre un biclou…
Et que j’écrivisse de bon matin
Et tout de go
La fable de l’écrivain
Qui roulait sur un vélo qui s’appelait… Leonardo !
Le lutrin et les Cocottes
Une Cocotte se paraît en son miroir.
Le jour tombait, il faisait noir,
Comme en un trou de basse-fosse.
Mais point ne faut désespérer d’une Cocotte
Pour ses atours, elle n’est point sotte,
Et trouve où poser peignes et brosses
Sur un grand lutrin noir tout près de la croisée
Où, dans ses derniers feux, le soleil se couchait.
Las ! toute de plumes revêtue, une gallinacée y avait
Installé son logis et pensait bien, seule y demeurer.
C’était sans compter sur la cruauté
De notre mijaurée d’un soir.
Qui s’en saisit, la tua, la pluma, d’un coup.
La mit à cuire, fit un houssoir
De ses pennes du plus beau roux.
Mais ne sachant que faire des os et de la crête,
Ni de la viande ni du reste,
Elle rapprocha dudit lutrin
Les pots et les marmites qu’elle avait sous la main,
Élisant pour finir la cocotte de fonte
Qui me permit ainsi de terminer le conte
D’un lutrin, d’une dame, d’une poule et d’un pot
Qu’il fallait réunir en un seul jeu de mots.
Bel anniversaire Philippe, et honte à moi!
Belle perspicacité Pascale. On ne peut rien vous cacher. Il pleuviasse ici aussi, mais c’est le lot commun semble-t-il. Vivement le mois de juin !
Si je comprends bien, Philippe, c’est pour n’avoir pas succombé à la tentation, jadis, que l’ouvrage est arrivé quand même…. et faut-il entendre dans “les privilèges discrets de l’âge” une manière détournée de dire que vous venez d’ajouter un an à votre palmarès. Donc, puis-je traduire et résumer : comme vous n’aviez pas osé, il y a quelque temps, (vous) acheter le bel objet sur Léonard, il vous a été offert pour votre anniversaire? ou je me plante complètement….
Dans tous les cas, c’est bien, il faut toujours avoir un ou plusieurs Léonard chez soi. C’est un peu comme Montaigne, tout ce qui peut s’écrire, avoir été écrit, et sera écrit, est nécessaire.
Quant au lutrin, ça c’est c’est une chouette idée. J’aimerai tant avoir des lutrins (oui, au pluriel) et des écritoires (oui, au pluriel). Après, j’achèterai le château qui pourra les abriter….
Et comme il bruine, il bouillasse, il pleuviasse, on peut se lâcher : est-ce que la cocotte en fonte tient sur le lutrin?
Je sors….