2 réflexions sur « une image »

  1. Pascale

    Un infini week-end

    Depuis vendredi soir où l’usage de la zapette me porta involontairement sur les chaînes qui déversent l’info à gros bouillons et jusqu’à ce matin encore, j’y suis. Couchée entre 3 et 4heures du matin, cherchant à croiser les discours, les plus récupérateurs, les plus désinformés donc très bavards, les plus techniques, ceux des experts réels ou autoproclamés, je passe tous les plateaux télé en revue. J’entends, notamment de la part de certains imams (mais faut pas le dire trop haut) des formules lénifiantes, plates, sans énergie, sans contenu. Et la réponse ahurissante d’Hollande, reprise par Valls à l’unisson pour ne pas être accusé de faire le jeu de Sarko et de MLP, c’est la surenchère. Etat d’urgence sur tout le territoire, probablement prorogé jusqu’à 3 mois (annonce faite par l’exécutif avant même que le législatif ait tranché, même si on est sûr du résultat, hélas!) Je cherche au milieu de ce foutoire des remarques dignes, non incantatoires. Celles d’Onfray dans le Point ce matin relève de la boîte à claques. Mais qu’il se taise, qu’il se taise! Ai trouvé chez Médiapart (dans “le Club”) quelques billets sacrément bien tournés, dont celui d’un écrivain néerlandais. Avec des commentaires globalement lisibles, non parce qu’ils susciteraient ipso facto l’adhésion, mais parce qu’ils sont empreints de réflexion, après les discours de guerre de nos dirigeants.
    Etat d’urgence ? mais c’est traiter les conséquences et non pas les causes -comme si l’ “état d’urgence” en France pouvait avoir le moindre effet sur les terroristes, qui s’en foutent complètement, ont mis leur extermination individuelle sur la liste des courses, et recommenceront quand l’état d’urgence sera déprogrammé. Je suis en colère contre cette réponse “à chaud” de Hollande qui donne la main (des pouvoirs extravagants) aux forces de police, sans contrôle judiciaire, qui nous fait passer de l’Etat de droit au droit de la force, serait-elle “publique”, ce qui ne veut rien dire puisque les décisions sont prises dans les salons de la République nuitamment, et on demande leur avis aux représentants élus, après coup, leur concédant la possibilité de jouer sur la forme… Vous en reprendrez bien un peu? un mois, deux mois? combien? Les “moyens” du renseignement, des interpellations “sur le champ”, des fouilles et investigations, on les a. On les a en matière de terrorisme, ils sont actés. L’appareil judiciaire est pertinent. Il faut l’utiliser, sans faiblir. Mais voilà, il faut montrer ses petits poings, dans une sémantique inadaptée. Je crois bien que ça aura un effet “contreproductif” d’ailleurs pour les régionales…. et que le remède n’est pas du tout approprié. Il ne faut pas croire, en effet, que cette pensée électoraliste n’est pas leur carburant. Tous les députés et les sénateurs réunis à Versailles, haut lieu historique et symbole “éblouissant” d’un pouvoir autocentré et déconnecté comme on ne disait pas à l’époque. (Je voudrais être sûre d’ailleurs que l’état d’urgence ne sera pas “allégé” –ce qui est une contradiction dans les termes- fin Décembre pour que la machine économique de fin d’année tourne quand même, les caisses sont vides, il faut que la TVA rentre, et que les commerçants, déjà acquis au FN, n’en rajoutent pas.)
    Déjà les Parisiens (où les Parisiens d’un w-e) ont bravé l’interdiction de se réunir. Mais c’était hier dimanche, dans l’émotion. Tout le monde a laissé faire, le pouvoir est magnanime. Et lundi succède toujours à dimanche, il faudra bien que les gens retournent au boulot, les étudiants en cours, les écoliers à l’école…et les banquiers à la banque.
    On nous montre, en boucle, des réactions de satisfecit aux décisions d’Hollande, la résignation est dans les esprits. Ainsi, laissons faire l’armée et la police. Constitutionnellement, en France, le Président est chef des armées.
    Je rêve d’une immense manif, silencieuse et digne (il faudrait trouver un autre mot que “manif” alors) qui dirait non à l’interdiction des réunions publiques! Ça aurait de la gueule. Un flot de gens ordinaires qui refuserait l’état d’urgence. En ses effets immédiats, et ses conséquences à moyens termes, et surtout sa signification. Et transférer ces moyens-là aux renseignements, surveillances aux frontières, traques et autres manœuvres, que nos forces de police et de gendarmerie savent faire assez bien, alors qu’ils travaillent avec des bouts de ficelle dans certains cas, il leur faut compter sur le hasard parfois pour croiser la route de certains terroristes. Mais on a conditionné les esprits à l’évidence de rogner notre liberté pour assurer notre sécurité. Le Léviathan (“le plus froid de tous les monstres froids”, disait Nietzsche de l’Etat) veille. Or, ça ne marche pas… La preuve, hélas! des milliers de trouffions en treillis n’ont pas pu empêcher cela. Et ceux qui travaillent en silence et sans la ramener dans les services de renseignements pleurent de n’avoir pas assez de moyens. Mais Monsieur tout le monde, et Madame avec, est “rassuré” qu’on fouille son sac à l’entrée de Monoprix!
    Je rêve que l’UE prenne ses responsabilités (mais là je rêve au-delà du rêve…. )
    On se félicite de la coopération avec la Belgique…. mais, que je sache, la Belgique est un pays fondateur de l’UE! manquerait plus que cela! Et comment la Belgique laisse-t-elle proliférer en toute connaissance de cause, de manière publique, des discours qui ruinent, sur la terre européenne, les fondements même de l’idée d’Europe?
    Reste toute la question géopolitique et géostratégique, et politique tout court. J’essaie, là encore, de mettre bout à bout, de croiser, de rafistoler. Il faut un prof d’histoire et de géo. Je me tâche à l’être avec les info que je vais chercher. Le billet de Médiapart dont je parlais plus haut, a pour titre une phrase, peu entendue en trois jours, selon laquelle Hollande serait tombé dans le piège de Daech. En allant frapper sur site, encore plus fort, il donne du grain à moudre, il provoque une nouvelle attaque sur notre sol, peut-être déjà dans les tuyaux, les terroristes ont l’éternité devant eux, quand l’état d’urgence se délitera ou cessera, ils frapperont à nouveau. D’ailleurs les représentants de l’État ne manquent pas de nous le dire (il faut s’attendre à….) à chaque prise de parole.
    Bon, je vais un peu mieux d’avoir écrit. Ils ne m’ont pas suffi les quelques échanges que j’ai eus de-ci-delà, quelques groupes de mots, quelques soupirs, quelques minutes à peine. On sent que les gens n’ont pas envie de développer. C’était plus “facile” avec Charlie, les cibles faisaient résonnance impersonnelle à l ‘”esprit français” de la caricature, du dessin, de l’humour, ils étaient connus, mais finalement n’étaient pas nous. Quoiqu’on en dise. Sans offense pour tous les “je suis Charlie” dont je comprends ce qu’ils voulaient exprimer. Bien sûr. Là, la peur risque d’accompagner nos moindres déplacements (“même pas peur” disaient les slogans hier, mais au premier bruit de fond, tout le monde se carapate, mais j’aurais été la première dans la même situation…). Et les psy qui nous chantent que la peur c’est normal, mais qu’il ne faut pas qu’elle l’emporte ! Merci du conseil !
    Soulagée de n’avoir pas été, ce matin, devant des élèves auxquels il aurait fallu laisser la parole…jouer au psy quoi ! Pauvre Najat qui continue à fabriquer des générations d’élèves (mais plus grave, de profs….) qui n’auront pas les moyens de comprendre et d’analyser leur monde, parce qu’on leur aura dit qu’il faut être dans le “ludique” et que si on s’ennuie pendant un cours de géo, avec la réforme, on pourra changer de cours…. (entendu pour de vrai il y a plusieurs mois). Le discours de la ministroll est du prêchi-prêcha, faut être citoyen, faut être gentil, faut être tolérant, ouvert au monde et blablabla. Mais savoir faire le tri entre les discours vides, les illusions, les séductions, savoir décrypter les propositions inadaptées et dormitives…dont celles de nos chers élus, et pour cela disposer des outils historiques, géographiques, sémantiques, juridiques et… pardon, philosophiques, c’est une autre affaire ! J’ai mauvais esprit ou quoi ? quand Sarko disait que la Princesse de Clèves ne sert à rien, il était juste plus franc du collier que quand Najat (j’aime l’appeler par son prénom ça fait “bonne copine” ce qu’elle veut être non ?) supprime l’enseignement des langues anciennes, impose sa vision de l’histoire, réduit la géographie à la portion congrue, supprime les filières dites d’“excellence” –qu’elle a pourtant elle-même suivies mais sans en tirer tous les bénéfices- et qui pourraient être une pépinières de cerveaux affûtés à l’analyse, la synthèse, le travail intellectuel, la rédaction pertinente, la disposition de vocabulaire précis… j’en passe et des meilleures. J’entends d’ici certains de mes collègues chausser les bottes de la circulaire de Najat et emprunter d’emblée le chemin balisé du moralo-politiquement correct : c’est pas bien, ce qui est arrivé ! il faut être tolérant avec tous ses petits camarades, on va changer le monde ! Mais personne pour expliquer, expliquer, expliquer. Pour apprendre ce que les enfants ne savent pas encore (normal, certains adultes ne le savent pas non plus), les forces en présence, la stratégie, la géopolitique, l’histoire du Moyen-Orient…. Ben, non, faut pas apprendre. C’est inégalitaire….. Les enfants doivent “construire leurs propres savoirs” sous l’œil bienveillant des enseignants, gnants-gnants-gnants….
    Franchement, ça me fait du bien, de me laisser aller un peu.

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