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La bibliothèque vagabonde

Les dernières commandes honorées (dont un sujet sur l’histoire du port de Nantes à paraître au printemps dans la revue 303) l’heure est venue de redonner vie à Léonard Cabaret et Louise de Chauvigny, dont les aventures ont obtenu le succès d’estime qu’elles escomptaient mais mis en lumière une certaine sécheresse de l’auteur. Auteur qui reconnaît volontiers avoir un peu négligé ses personnages au profit d’une contextualisation parfois abusive (qui n’est pas pour autant exempte d’erreurs, nous y reviendrons) et d’une attention maniaque aux ressorts dramatiques. Il est donc temps de remettre l’ouvrage sur le métier pour donner un peu de chair à ces personnages dont les aventures devraient, si tout va bien, se déployer en trois tomes regroupés à terme en un volume.

Marguerite de Navarre par Jean Clouet (vers 1530)

Aprés m’être replongé dans les mentalités de l’époque en relisant (avec grand plaisir) l’Heptaméron de Marguerite de Navarre, je me suis lancé en décembre dans une nouvelle recherche pour imaginer la bibliothèque (à l’époque on disait la librairie) de cette femme de lettres dans son château d’Alençon. C’est en effet dans cette bibliothèque que je souhaite démarrer ce second tome, dans laquelle Louise va découvrir l’édition de Simon de Colines du voyage de Magellan. Ceci pour être parfaitement raccord avec le Malais. Je n’en dirai pas plus pour le moment, parce qu’en fait je n’en sais guère plus. Sinon que Louise, en cette année 1534, soit cinq ans aprés la premier opus, est devenue la libraire attitrée de Marguerite et que Léonard a ouvert un atelier d’imprimerie à Nantes. L’idée générale restant d’être le plus pointu possible sur le contexte historique, l’évolution des techniques, les détails de la vie quotidienne, l’histoire des mentalités, mais très libre sur les ressorts dramatiques, sur l’évolution des personnages fictifs, que sont Louise, Léonard et Guillaume le graveur.

Reconstitution de la bibliothèque de Montaigne Programme ANR CORPUS 2012 (ANR-12-CORP-0003-01)

C’est la raison pour laquelle je prends un soin particulier à configurer cette bibliothèque, cherchant un maximum de sources, notamment iconographiques comme cette reconstitution en trois dimensions de la bibliothèque de Montaigne. Il s’agit aussi de la situer dans le château d’Alençon. Dans le Malais, cette bibliothèque, confiée à Léonard, se situe dans le palais d’été, mais la découverte de travaux d’un historien alençonnais – qui a fait un travail remarquable sur le château en dépit de la faiblesse des sources –  va vraisemblablement me conduire à la bouger, parce que la localisation de ce palais d’été et même son existence, ne sont pas ausssi assurées que je l’imaginais. C’est un peu la magie de ce “work in progress” qui permet d’affiner les choses au fur et à mesure du travail.

Le châtelet d’entrée, fig 14, in Le château d’Alençon en 1440, Thierry Churin.

La bibliothèque risque donc de s’installer dans le pavillon ci-dessus représenté. Pavillon qui s’appuie sur les deux tours du châtelet d’entrée. D’ici à ce que la bibliotèque se retrouve dans une des tours il n’y a qu’un pas. Ce serait un clin d’oeil à la bibliothèque de Montaigne qui me conviendrait assez bien. Nous verrons au moment d’attaquer le texte. En 2019, c’est à dire demain. Cinq cents ans aprés le départ de l’expédition Magellan, ça ne s’invente pas.

Bon vent à tous pour cette année qui commence.

L’atelier de l’éditeur 5

Surprise en préparant le départ pour le salon du livre d’Alençon, les soixante exemplaires commandés par la librairie Le Passage pour la manifestation composent le dernier carton plein de Malais de Magellan. En comptant les trente survivants du précédent carton, il reste donc moins de quatre-vingt dix exemplaires disponibles sur les trois cents imprimés. Il est possible que Le Malais ne passe pas l’été. Ce qui réjouit évidemment l’éditeur.

La bibliothèque d’Alençon (XVIIe). Dessin de Laurent Paturaud pour les journées du patrimoine.

Ce Malais ne sera pas réimprimé. Il a choisi de rester un objet singulier, avec ses qualités et ses défauts. Et son petit côté prototype. Mais il ne restera pas orphelin et s’inscrira dans une fresque plus large, vraisemblablement composée de trois volets. Léonard Cabaret et Louise de Chauvigny n’ont pas dit leur dernier mot. Pour l’heure c’est le temps des retours, des critiques, de l’expression des frustrations… qui sont autant de précieux appuis pour imaginer la suite.

Je suis ravi de retrouver Alençon pour quelques jours, qui plus est dans la magnifique Halle au blé. Et de participer à la mise en lumière des grandes heures de cette ville, à l’époque de Marguerite de Navarre, de Clément Marot et des premiers typographes. Ce n’est pas un hasard si cette ville est restée une cité d’impimeurs, où Poulet Malassis a édité Les Fleurs du Mal, où son imprimés les Goncourt et certains volumes de La Pléiade. Et c’est un authentique plaisir de remonter aux sources de cette longue histoire.