Nddl : il faut savoir arrêter une guerre

Les politiques doivent savoir jusqu’où ne pas aller trop loin, à l’image de parents confrontés à un ado buté, aveuglé par un romantisme béat qui le pousse à mettre sa vie en danger. Il est temps de mettre un terme à la plaisanterie Notre-Dame-des-Landes. Certes il n’y a pas encore eu de mort en Loire-Atlantique, mais le drame de Sivens est une alerte qu’il faut savoir entendre.

nddl

Dans un conflit, le fait d’avoir raison n’est pas toujours un argument suffisant pour l’emporter. Et il y a bien longtemps que l’on est sorti, dans cette affaire, de la confrontation rationnelle. Pour avoir assisté il y a deux ans à la tentative d’expulsion de zadistes perchés à dix mètres du sol, je crois pouvoir témoigner du fait qu’une partie de ces jeunes gens est prête à mettre sa vie en jeu pour un champ de patates. Il faut savoir les protéger d’eux-mêmes.

Certes cette plaisanterie va coûter un bras à la collectivité et donc au contribuable – sans doute plus que si l’aéroport avait été construit – certes Nantes va souffrir à terme d’un aéroport enclavé, comme la ville souffre aujourd’hui d’une gare implantée en dépit du bon sens au milieu du XIXéme, mais c’est ainsi, on est sorti du champ politique pour entrer dans le champ religieux.

On peut déplorer qu’une jeunesse déboussolée préfère s’indigner pour un morceau de bitume dans une prairie à vaches que de lutter, par exemple, contre l’esclavagisme en vigueur chez les producteurs de leurs propres vêtements, mais d’évidence cela ne sert pas à grand-chose. Seul le temps permettra de mettre en perspective la vacuité de cette lutte, ne serait-ce qu’au regard des véritables enjeux environnementaux.

L’abandon de Notre-Dame-des-Landes ne mettra évidemment pas un terme au développement du transport aérien, moins polluant que l’automobile – il peut sembler idiot de le rappeler -, il provoquera tout juste un peu plus d’étalement urbain et pourrira un peu plus la vie des Nantais. Mais ce n’est, somme toute, pas un drame. La société du spectacle et des clowns tristes a gagné.

Laissons les retourner à leurs cabanes dans les arbres, leurs champs de carottes et laissons-leur briser quelques vitrines pour fêter cette grande victoire contre le « capitalisme triomphant ». On se nourrit des caricatures que l’on peut. Rien ne remplace l’expérience, et la seule bonne façon de sortir de cette histoire par le haut est de placer ces jeunes gens devant leurs propres contradictions et d’observer la « commune libre » qu’ils entendent instituer à Notre-Dame-des-Landes. Il est possible qu’il soit plus difficile de construire que de détruire.

Photo : le figaro.fr

14 réflexions sur « Nddl : il faut savoir arrêter une guerre »

  1. Philippe Auteur de l’article

    Tu as raison sur le fond Gaëtan. Je souhaitais te répondre plus avant mais je découvre à l’instant les premières images d’un nouvel épisode de casse à Nantes. Il fallait s’y attendre, en dépit des réactions angéliques que l’on peut retrouver un peu plus haut sur le fil.
    Il est préférable que je prenne un joker, pour éviter de réagir à chaud.

  2. Gaëtan

    S’il s’agit d’adolescents comme tu l’affirmes, le plus mauvais service à leur rendre c’est de les laisser dans un sentiment de toute puissance. Traitons-les en adultes qui doivent faire face au réel : des choix, des responsabilités, des compromis.
    Il n’y a pas eu et n’y aura pas de guerre mais le statu quo en place depuis 2 ans n’est pas une solution.
    Je regrette avec les écologistes que le gouvernement ait cédé à la force sur l’écotaxe, en espérant que le courage politique l’emporte sur la démagogie dans d’autres dossiers.

  3. Philippe Auteur de l’article

    Cher Gilles,

    Tu me pardonneras, parce que je ne te range pas parmi les écologistes opportunistes qui ont instrumentalisé tardivement cette lutte, mais je suis moins respectueux à l’égard de certains de tes camarades dans cette affaire.

    Il est peut-être cruel de rappeler le soutien sans ambiguité au projet de Dominique Voynet, ministre de l’environnent : http://politique.blogs.ouest-france.fr/archive/2012/11/29/titre-de-la-note.html:, mais c’est ainsi. Son argumentation est d’ailleurs intéressante et je la partage dans les grandes lignes. Le Grenelle de l’environnement a d’ailleurs confirmé cette posture. La parole actuelle d’EELV, qui s’est réveillé à point nommé pour glisser une peau de banane sous les pieds d’Ayrault, est donc, de mon point de vue, totalement discréditée.

    Tu n’es pas en cause mais cela méritait d’être rappelé. Maintenant sur la soi-disant confusion entretenue entre gentils défenseurs de l’environnement et méchants casseurs, tu me permettras d’être plus que dubitatif. Les uns se servent d’évidence des autres comme de leur bras armé. J’ai été moi-même témoin de scènes d’intimidation physique inacceptables et pourtant acceptées. Le fait d’organiser des manifs sans service d’ordre, de laisser s’installer un climat délètère autour du site http://www.ouest-france.fr/vendee-globe/vacations/vacation_-Aeroport.-Autour-de-Notre-Dame-des-Landes-un-invivable-quotidien_6346-2160141_actu.Htm, est une technique, mais il faut l’assumer.

    Maintenant, nous sommes d’accord, cette technique faite d’opportunisme politique, de double langage et, je n’en doute pas, d’authentique militantisme, a porté ses fruits en paralysant le pouvoir. L’aéroport ne se fera pas. Mais c’est, de mon point de vue, une victoire à la Pyrrhus, parce le résultat est un tissu social “déchiré pour quarante ans” selon ton ex collègue MV, le conseiller général de Nddl, pourtant hostile lui aussi au projet. Cela valait-il la peine de mettre la région à feu et à sang ?

    Mais plus grave me semble-t-il, c’est l’effet d’optique provoqué par cette lutte. Des tas de gens de bonne foi pensent lutter contre les méchants bétonneurs, alors qu’ils ne font que déplacer le problème, voire l’aggraver (2000 ha de grignotage des terres agricoles dû à l’étalement urbain chaque année en LA, étalement urbain qui va s’aggraver en empêchant Nantes de se densifier au Sud-Ouest).

    Une dernière chose : j’entends ton argument sur la mondialisation. Il ne s’agit pas de faire porter la responsabilité à nos enfants même s’ils sont, au premier chef, concernés (je ne portais pas de vêtements indiens ou Chinois à 20 ans). Mais je suis quand même surpris de constater que l’on en est resté aux vieilles lunes écolos des années 70, quand on polluait comme des malades. Les vraies questions sont ailleurs maintenant et ce n’est plus ici que l’environnement est vraiment en danger désormais.

    Et il n’est peut-être pas besoin d’aller très loin pour trouver des luttes qui aient un peu plus d’épaisseur et surtout de sens : à Saint-Nazaire par exemple où l’on construit des bateaux de guerre pour un empire belliqueux (précisons que je n’ai pas d’avis tranché sur la question). Curieusement cela n’intéresse pas grand monde.

    Porte-toi bien et au plaisir
    Philippe

  4. Gilles DENIGOT

    Cher Philippe,
    Je connais, la qualité de ta plume et aussi ton parcours.
    Autant, me réjouis de la sagesse de ton propos sur l’utilité d’arrêter ce projet, autant et tu le sais je ne peux cautionner ni les regrets , ni les conrre vérités d’analyse et les conséquence que tu developpe.
    Le combat contre ce projet ne peut se reduire à la ZAD et aux Zadistes, l’antériorité du combat est tout autre.
    Les nouvelles luttes “ecologiques” et ceux qui s’y engagent ne peuvent porter la responsabilité de nos échecs dans les conséquences de la mondialisation qui delocalise à ce point pour satisfaire sa soif de coûts de revient toujours plus bas.
    Je n’accuse pas mes enfants.
    Amicalement
    NB/ ta compétence journalistique peut elle organiser un vrai débat sur les mutations du monde et des luttes ? Je suis preneur.

    NB/ Ta compétence journalistique peut-elle organiser un vrai debut sur ” mutatiin du monde et des luttes” Je suis preneur.

  5. Gaël Deguingand

    Je ne vois pas où sont l’énervement et la perte de sang froid…

    Sur les nuisances, Nantes Atlantique n’est pas un nouvel équipement il me semble, la croissance du nombre de passagers ne se fait pas sur le nombre de mouvements mais sur leur remplissage, les avions sont de plus en plus performants et les normes plus drastiques, donc si on résume il n’y a pas plus d’avions et ils font de moins en moins de bruit. Les arrivants en ville qui se plaignent des avions me font autant d’effet que les nouveaux arrivants à la campagne qui se plaignent des coqs ou des cloches d’église…

    Sur le slogan « non a l’aéroport et à son monde » je ne vois pas la contradiction avec ce que je disais sur le refus du monde où ne règne que le fric et le béton, à ne pas confondre avec un mouvement “contre les avions”.

    Sur les dégats “après chaque manifestation” c’est faux et archi faux, j’en ai fait assez ces dernières années pour qu’on ne caricature et ne réduise pas la lutte anti-NDDL aux casseurs qui ont parfois profité de CERTAINES grosses manifs pour commettre des actes certes inadmissibles mais que les autorités souvent n’ont pas empéché (pour ne pas dire parfois suscité) pour mieux les mettre en avant après.

    Refuser l’angélisme c’est justement ne pas se contenter de croire ceux qui désignent qui doivent être “les méchants et les gentils”, et se contenter d’aller pleurer le lundi matin avec le commerçant dont on a volontairement fait en sorte de ne pas protéger la vitrine le samedi pour mieux dire “vous avez vus ce qu’ils ont fait”. C’est gros comme une maison. De maçon.

  6. Philippe Auteur de l’article

    Restez calme, cher ami. Il est étonnant à quel point cette affaire fait perdre leur sang froid aux uns et aux autres. Je peux vous accorder faire preuve d’un peu de condescendance mais pas de mépris. En revanche le mépris des populations qui subissent actuellement les nuisances et sont appelées à les subir est une des données qui ne laisse pas de laisser dubitatif, au prétexte sans doute que ce sont des urbains.
    Je ne crois pas avoir inventé le slogan “non a l’aéroport et à son monde” pas plus que les dégâts commis au terme de chaque manifestation au détriment de citoyens qui n’en peuvent mais. Je vous laisse, sur ce versant, à votre angélisme apparent.

  7. Gaël Deguingand

    Pas le courage non plus de mettre le short pour une partie de ping pong, juste un ressenti :
    ce papier n’est que mépris et confusion, en décalage complet avec le changement d’époque que nous vivons.

    Juste quelques exemples. Je ne parlerai pas des “champs de patates” déjà relevés plus haut (c’est vrai, betonnons la totalité de la campagne concernée, on pourra relier directement le dernier centre commercial au nord de Nantes avec le premier au sud de Rennes, c’est trop chouette).
    Le mépris, c’est traiter avec autant de dédain les jeunes qui refusent d’ajouter leur sms au dernier vote de la Star académie et font le choix de la marge, pour résister contre un monde de fric et de béton avec leurs moyens. C’est aussi les assimiler systématiquement avec les casseurs de centre ville pour mieux les discréditer, alors que ces derniers, tout le monde le sait, n’en ont le plus souvent rien à battre de NDDL, de Sivens ou de quoi que ce soit de précis et argumenté.
    La confusion, c’est de croire, ou de faire semblant de croire, que lutter contre NDDL, c’est être “contre les avions”, comme on peut être “contre la guerre parce que c’est pas bien”. De la même façon que j’ai une voiture tout en étant pour les pistes cyclables, je prends l’avion dimanche prochain et je suis contre NDDL. Parce que c’est un mauvais projet pour des raisons écologiques, économiques, sociales que nous ne redétaillerons pas ici, parce que Nantes a déjà un aéroport qui n’est pas saturé, qui peut être très bien desservi par les transports en commun si les parkings n’étaient pas la vraie source de recettes, qui n’est pas plus dangereux que bien des aéroports internationaux en zone urbaine, etc…

    Le décalage complet avec le changement d’époque c’est ne pas comprendre que les citoyens et les jeunes en particulier, aidés par les réseaux multimédias, se laisseront de moins en moins dicter ce qu’il doivent faire, dire, penser, voter, au seul titre que cela sert les personnes et systèmes au pouvoir, les oligarques, les multinationales, les partenariats public-privés, et que ces derniers doivent s’habituer au fait qu’ils auront de moins en moins le champs (de patates) libre de faire n’importe quoi.

  8. doc

    Le Monde aujourd’hui :

    C’est peut-être un changement de paradigme, comme il ne s’en passe qu’une fois toutes les décennies environ. A la City de Londres, de plus en plus d’opérateurs financiers, y compris Goldman Sachs et Citigroup, parient sur un affaiblissement de long terme du prix du baril du pétrole. Pour eux, la chute des cours du brut – A New York, ils se sont repliés de près de 25 % depuis juin, passant brièvement sous le seuil des 80 dollars le baril lundi 27 octobre – n’est pas qu’un phénomène conjoncturel, mais une tendance appelée à durer.

    Si cela se confirme, ce serait un bouleversement complet du paysage sectoriel. Depuis le milieu des années 2000, le consensus portait sur la fin du pétrole bon marché. D’un côté, la consommation progressait, portée par les pays émergents, Chine en tête ; de l’autre, la production était de plus en plus chère, dans des mers plus profondes et des terrains plus difficiles d’accès. Si la crise financière avait mis un coup d’arrêt à l’envolée des prix, ce n’était qu’une parenthèse conjoncturelle.

    Ce point de vue évolue. Selon Citigroup, la fin du « supercycle de l’énergie » est en cours. Goldman Sachs estime de son côté qu’un « nouvel ordre pétrolier » est en train de s’ouvrir. La banque américaine parie même sur un baril cotant 70 dollars le baril à New York au deuxième trimestre 2015, puis sur une stabilité, autour de 80 dollars à plus long terme. Si cela se confirme, ce serait un niveau qui n’a plus été vu depuis la grande récession de 2009. Mais cette fois, la croissance mondiale, bien que modérée, est au rendez-vous.

    Révolution technique
    Deux événements se conjuguent pour expliquer ce phénomène. Le premier est la révolution du pétrole de schiste aux Etats-Unis. Cette nouvelle technique de forage, d’abord développée pour le gaz, est maintenant utilisée en grande quantité pour l’or noir. La production américaine a fait un bond de 60 % en trois ans, et elle dépasse depuis peu son pic du début des années 1970, quand les gisements du Texas tournaient à fond et que les turpitudes de Dallas faisaient fantasmer le petit écran.

    Résultat, les Etats-Unis se dirigent à grands pas vers l’indépendance énergétique. Ses importations de brut ont été divisées par trois depuis 2007. « Rien qu’en 2013, la baisse des importations américaines était équivalente à la production cumulée de l’Arabie saoudite et du Nigeria », souligne Seth Kleinman, analyste pétrolier à Citigroup.

    La deuxième raison se trouve dans le ralentissement de la demande mondiale. Avec, en particulier, un net fléchissement de la croissance en Chine. Mais pour David Donara, en charge des matières premières à Threadneedle, un fonds d’investissement britannique, le phénomène est plus profond. « Pendant longtemps, on a cru que la demande continuerait à croître à l’infini. Il faut revisiter cette idée », dit-il. Il souligne aussi que les efforts d’économies d’énergie menées depuis des années portent leurs fruits : Les voitures consomment moins qu’autrefois ; la taille des batteries se réduit, permettant le développement de véhicules électriques ou hybrides ; les maisons sont mieux isolées. « Le pic de demande est passé aux Etats-Unis, et il est possible qu’on en soit proche pour le monde entier », continue-t-il.

    Effet de ciseau
    Seth Kleinman, de Citigroup, ajoute un autre argument : la révolution du gaz de schiste provoque un effet de remplacement du pétrole. Puisque le gaz naturel est abondant et peu cher, le gaz de pétrole liquéfié (GPL) fait un grand retour. « Beaucoup de bateaux se mettent à utiliser cette ressource. L’investisseur américain Warren Buffett finance des essais pour faire fonctionner des trains de cette manière », explique M. Kleinman.

    La fracturation hydraulique provoque ainsi deux changements fondamentaux : elle augmente la production de pétrole et elle en réduit la demande. Les Etats-Unis se retrouvent donc dans une situation inédite : la production de brut augmente en même temps que la demande baisse.

    Cet effet de ciseau est accentué par une série d’autres éléments. D’abord, les nouvelles technologies d’exploration et production en mer profonde sont de mieux en mieux maîtrisées et leur coût baisse. Au large de l’Afrique, du Brésil ou dans le Golfe du Mexique, le prix de revient des forages tourne généralement autour de 60 dollars le baril, selon les calculs de Citigroup. Cela laisse une marge par rapport au prix actuel.

    Ensuite, un changement inattendu semble s’être opéré au sein de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP). Traditionnellement, les pays du Golfe auraient réduit leur production pour enrayer la chute des prix. Ce n’est pas le cas actuellement. Selon les analystes de Goldman Sachs, l’Arabie saoudite a adopté une nouvelle stratégie : faire baisser les prix, afin d’enrayer le développement du pétrole de schiste aux Etats-Unis.

    Une question de rentabilité
    En laissant le prix du baril descendre sous les 80 dollars, l’OPEP porterait un coup aux nouvelles techniques de forage, qui coûtent plus cher que les puits conventionnels au milieu du désert. « L’Arabie saoudite se concentre sur la sauvegarde de sa part de marché », estime Goldman Sachs.

    Toute la question est de savoir autour de quel prix le pétrole de schiste américain ne sera plus rentable. Goldman estime que 80 dollars le baril est la limite à laquelle les investissements demeurent intéressants. Citigroup établit cette barrière un peu plus bas, autour de 60 dollars.

    Mais quel que ce soit le niveau exact de cette barrière, quand il sera atteint, la production américaine ralentira et le prix du baril rebondira. Personne ne parle donc d’un retour au baril à prix cassé, autour de 20 dollars comme au début des années 2000. Mais un nouvel équilibre semble se mettre en place, à un niveau bien inférieur aux prévisions de ces dernières années.

    Eric Albert (Londres, correspondance)
    Journaliste au Monde

  9. PMB

    OK pour ne pas pingponguer ! Mais :

    Taguer un bus n’a rien de révolutionnaire, mais j’aimerais être sûr que ce sont des zadistes qui font ça. Et des vrais. En parlant de bus. Je connais bien quelqu’un qui travaille à la régulation du trafic, dans la salle de contrôle télé pour être précis. Lors des avant-dernières manifs, il a ainsi pu observer que les casseurs ont eu vraiment vraiment vraiment tout le temps avant que la police, si réactive quand on lui en donne l’ordre, n’intervienne… Bah oui, pourrir une manif au départ pacifique, c’est un métier pratiqué aussi bien par les casseurs que par le pouvoir.

    J’avais lu l’article sur les ouvriers au Cambodge. Que faut-il que je fasse : prendre l’avion pour le Cambodge et aller taguer la Rolls des patrons ? Qui vous dit que les gens qui militent contre NDDL ne militent pas aussi contre les négriers du textile ?

    Quant aux populations qui subissent les nuisances. Chaque fois que je vais à Nantes, je vois passer des avions. Ça me gêne bien moins que les 130 trains qui passaient à 100 m de ma maison d’Ancenis. Auxquels d’ailleurs je m’étais parfaitement habitué.

    A part ça, j’espère que votre havre de pays campagnard n’est pas concerné par implantation des divers réseaux routier et ferré qui desserviront cet aéroport.

    (Augmentation exponentielle du trafic aérien alors qu’on doit se préparer à la raréfaction des sources d’énergie fossile. Comme disait j’ai oublié qui : je ne sais pas où on va mais on y va)

  10. Philippe Auteur de l’article

    En forme PMB. Vous me pardonnerez mais je crois que vais m’épargner la rituelle partie de ping-pong sur le sujet. Sauf sur un point : la hiérarchie des indignations. Quand on crie “Non à l’aéroport et à son monde” on est autorisé à mouiller un peu la chemise. Se contenter de pourrir la vie de son voisin et d’aller taguer le tramway de mamie à Nantes, est un peu juste pour changer le monde. Voire contre-productif.
    Vous étiez au Larzac, quand j’étais en Sicile devant une base de missiles nucléaires. Il y avait un enjeu me semble-t-il. Là on est dans le symbole, contestable qui plus est, parce qu’on s’asseoit sur les populations qui subissent les nuisances (cf l’intervention ci-dessus). Croit-on sérieusement qu’on va ainsi mettre à mal le transport aérien. C’est une plaisanterie. Une fable écolo http://www.challenges.fr/entreprise/20140924.CHA8066/pourquoi-les-commandes-vont-continuer-de-pleuvoir-pour-airbus-et-boeing.html
    Les vrais chantiers ne manquent pourtant pas : http://www.liberation.fr/economie/2014/10/16/moi-chantan-ouvriere-textile-au-cambodge-12-heures-par-jour-6-jours-sur-7-sans-conges-payes_1122334 , les associations cherchent des soutiens, des militants, mais c’est moins visible, moins spectaculaire.

  11. PMB

    Pas question de chercher à vous convaincre, juste de donner mon point de vue !

    « Champ de patates » ? Ce terroir, à la base banal, comme il n’a pas été défiguré par un remembrement dont on sait que par endroits il a été particulièrement agressif, a acquis une valeur patrimoniale, un peu comme les vergers conservatoires. Il y a quarante ans, je suis allé au Larzac pour les grands luttes solidaires (déjà). Endroit dont j’ignorais totalement l’existence. J’avais été d’un coup subjugué par la beauté austère quoique lumineuse (ce n’est pas l’austère Aubrac) de ce qui, aux yeux des décideurs parisiens, n’était qu’un méprisable « champ de pierres » et compris qu’on pouvait, qu’on devait se battre pour lui. Surtout que ce combat, comme celui de NDDL, débouchait sur la recherche d’un mode de vie moins égoïste, moins destructeur.

    Jeunesse déboussolée ? Même si elle vous défrise, je la trouve autrement boussolée que celle qui s’égare sur ses blogues et ses comptes FB narcissiques, celle dont le principal but est la beuverie du samedi soir, la défonce de même sur roues, deux ou quatre, ou la pignolade devant des films d’horreur nazes (googlez Annabelle). Cette jeunesse, maladroite parfois, est altruiste. Je sais, à notre époque égocentrique, c’est démodé.

    S’indigner « pour un morceau de bitume dans une prairie à vaches », on peut le faire et ça marche, la preuve. Lutter « contre l’esclavagisme en vigueur chez les producteurs de leurs propres vêtements » : vous voyez ça comment ? Aller libérer avec leurs tracteurs les ouvrières esclaves du Bangla Desh ? Boycotter les grands surfaces de fringues à quelques dizaines comme ils sont, pour qu’elles crèvent de rire devant ces piqûres de fourmis ? Sérieusement…

  12. Philippe Auteur de l’article

    Lâcheté, lâcheté, vous y allez fort. On dérape un peu vite dans le champ de la morale. Gouverner c’est certes prévoir, mais c’est aussi composer avec le réel. Et le réel, en l’occurrence, est têtu, c’est le moins que l’on puisse dire. Il me semble qu’il ne peut rien sortir de bon de confrontations violentes, on l’a vu à Sivens, et la responsabilité du pouvoir est de déminer le terrain quand il est ainsi explosif. La violence n’est jamais une solution, a fortiori dans une société démocratique. Mais c’est une humeur personnelle, qui n’engage que moi.

  13. matlo

    Alors selon vous, quatre pelés et trois tondus peuvent l’emporter et imposer leur logique à des milliers voire des millions de personnes ?
    Vous avez une piètre estime des capacités de la démocratie. La contestation est tout à fait légitime mais ses formes ont des limites dans le cadre d’une démocratie. S’il y a des abus de position privilégiée dans le processus de prise de décision, il est légitime de les dénoncer et de lutter contre ceux-ci, mais au cas de Notre Dame des Landes, vous passez allègrement sur des données très objectives de nuisances et de danger pour donner raison à des privilégiés qui ont fait de la contestation à n’importe quel prix, leur objectif de vie, ou d’autres parfaitement égoïstes qui préfèrent que Nantes continue à subir des contraintes fortes, et un danger permanent.
    En cela, votre billet ne propose qu’une solution non de sagesse, mais de lâcheté.

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