Il y avait une vie avant l’obsolescence programmée. Je viens d’en avoir la délicieuse confirmation en recomposant une chaîne haute fidélité des années soixante dix, qui me ravit chaque matin en autorisant un réglage ultra-précis de la radio grâce au tuner à aiguilles, et en permanence grâce à la rondeur et la clarté du son délivrée par l’ampli. Les colonnes Cabasse y sont certes pour quelque chose mais le précédent matériel, pourtant griffé de marques prestigieuses (Marantz, Technics), ne permettait pas d’obtenir l’incomparable moëleux de ces vieux clous et surtout ne dissociait quasiment pas la stéréo.
C’est tout à fait par hasard que j’ai acquis au cours de l’été le tuner Kenwood à aiguilles, sur un vide-grenier. 5€, le risque n’était pas très grand et le vendeur était affirmatif et convaincant : il fonctionnait, selon lui, parfaitement, ce qui s’est vérifié de façon spectaculaire. Je ne supportais plus le tuner électronique précédent qui ne comprenait pas l’extrême sensibilité de la modulation de fréquence (FM) et les incidences de la météo. Seul l’aiguille d’un bon vieux vu-mètre permet d’opérer un réglage au petit poil. Restait ensuite à trouver un ampli à la hauteur du tuner. Celui en service, noir comme la nuit, aux commandes illisibles, n’avait plus de balance et de grosses faiblesses sur un des canaux.
Les dieux étaient de bonne humeur cet été puisqu’ils m’ont permis de découvrir, quelques jours plus tard, une boutique extraordinaire, près de l’ancienne prison de Nantes, justement spécialisée dans la réparation et la revente de matériels “vintage” comme on dit maintenant “Comme à la radio”. Il ne m’a pas fallu longtemps pour trouver mon bonheur dans cette caverne bourrée de madeleines métalliques pour les garçons de mon âge. Le vendeur, un fêlé de matériel de l’époque, et forcément de disques vinyles, a eu la gentillesse d’ouvrir la bête, pour me montrer l’état des composants et leur passer un petit coup de bombe, état nickel chrome malgré les quarante ans d’âge de l’objet.
Ne me reste plus maintenant qu’à retrouver une platine et remettre en circuit la paquet de vinyles qui dort au grenier. Ce sera pour une prochaine fois. Bonne semaine.