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Big brother ne parle pas suisse

 On s’en doutait un peu. Les Américains ne sont pas les seuls à espionner leurs contemporains, à observer leurs comportements et à stocker leurs échanges. Les Français font la même chose comme nous l’apprend Le Monde. L’ensemble de nos données serait compressé puis stocké, nos connections enregistrées, nos échanges mis au chaud dans les sous-sols de la DGSE, à disposition des services de l’Etat (douanes, DCRI…).

Les informaticiens français ont donc du temps, de l’argent et de l’énergie  à perdre pour stocker les échanges entre madame Michu et monsieur Dugenou, mais ils sont incapables d’observer les transferts de fonds entre banques, sociétés off-shore et autres faux-nez utilisés par les contribuables indélicats. Ou plutôt, argument, assez joli, le fisc n’a pas le droit d’utiliser ces données sans que la justice soit saisie. Et comme elle n’est pas informée, elle ne risque pas d’être saisie.

On pourrait donc s’asseoir sur la loi pour espionner les citoyens, mais pas pour poursuivre les fraudeurs. « On pense qu’on n’a pas d’argent, mais c’est simplement parce qu’on ne sait pas où il est » expliquait ce vendredi matin sur France Inter le banquier Hervé Falciani, qui a dénoncé les pratiques de la banque Suisse HSBC et fourni sur un plateau une liste de 8 200 comptes en Suisse aux autorités françaises.

Assurance-HSBC-Maison

 Certes, mais la loi actuelle ne permet pas de les poursuivre. Il faut la changer. Et laisser ainsi le temps aux petits malins de se mettre leur magot au chaud, en Malaisie ou aux îles Caïman. De qui se moque-t-on ? L’argent ne s’évapore pas. Il franchit forcément les frontières par des jeux d’écriture, de banque en banque, de sociétés écran en paradis fiscaux. Le liquide c’est vulgaire, c’est bon pour Sarkozy, mais les vrais transferts se font de façon plus élégante, qui laissent donc des traces, aussi discrètes soient-elles.

Le syndicat national unifié des impôts évalue à 50 milliards d’euros le montant de la fraude fiscale annuelle en France, plus de 2% du PIB. Alors messieurs un petit effort, faites mouliner vos moteurs de recherche dans la bonne direction plutôt que de vous amuser à pister les adolescents rebelles. Tout le monde y gagnera. Et le gouvernement sera peut-être un peu plus crédible lorsqu’il demandera aux plus modestes de partager les efforts pour redresser les comptes.

illustration : pub HSBC