Ce qui est étonnant dans cette image c’est qu’elle n’a trouvé sa justification qu’au retour du périple à Barcelone évoqué ci-dessus. Faute d’avion, cloué au sol par les aiguilleurs du ciel français, nous avons affrété à plusieurs une voiture de louage et fendu la nuit sur plus de 1000 kilomètres, laissant derrière nous la grande ville, comme le dit précisément ce tableau.
Elena
la stylisation (décorative, publicitaire ?), le jeu des contrastes comme vous le dîtes bien, Pascale, la sobriété efficace, la référence à une époque mythique (années 20-30), la coexistence de la ville moderne et de la route de campagne (ou le passage de l’une à l’autre) — et surtout la position dans laquelle nous place l’image par le choix de la contre-plongée et du “nocturne” : nous voici à nouveau, encore, toujours, enfants plus ou moins perdus allongés sur le bord de la route ou accroupis dans le fossé qui la borde, éblouis, peut-être menacés, incapables de voir conducteur et occupants, devinant seulement le paysage.
Nous sommes petits et immobiles, notre regard est fasciné, pris dans la tenaille des deux diagonales de clarté (sous l’œil neutre et terrible de la lune) ; elle, l’automobile, est puissante, elle va de l’avant, l’avenir comme la route s’ouvrent pour elle, qui va dévorer ce tiers droit de l’image.
Pascale
Voilà deux jours qu’à l’occasion, je viens admirer cette superbe limousine et que je me demande ce que je lui trouve de si fascinant. Finalement ce n’est pas l’objet, comme quoi, une fois de plus, confirmation est faite que le regard l’emporte sur la chose regardée. C’est le traitement, la conjugaison, la déclinaison, la grammaire des contrastes qui me procurent du plaisir. Entre lignes courbes et lignes droites, lumière et obscurité, silence et ronronnement d’un moteur qu’on devine puissant et qu’on “entend” , régulier, horloger, entre immobilité et mouvement, vitesse et lenteur. Entre, finalement, l’image cinétique, cinématographique, qui vient réveiller ma mémoire somnolente et lacunaire de films d’où Eliot Ness surgirait au secours d’une fatale-blonde-hollywoodienne-à-l’-étole-de-vison-blanc-et-la-rivière-de-diamants… et l’émotion toute simple, légère, qui se surprend elle-même d’être advenue.
Ce qui est étonnant dans cette image c’est qu’elle n’a trouvé sa justification qu’au retour du périple à Barcelone évoqué ci-dessus. Faute d’avion, cloué au sol par les aiguilleurs du ciel français, nous avons affrété à plusieurs une voiture de louage et fendu la nuit sur plus de 1000 kilomètres, laissant derrière nous la grande ville, comme le dit précisément ce tableau.
la stylisation (décorative, publicitaire ?), le jeu des contrastes comme vous le dîtes bien, Pascale, la sobriété efficace, la référence à une époque mythique (années 20-30), la coexistence de la ville moderne et de la route de campagne (ou le passage de l’une à l’autre) — et surtout la position dans laquelle nous place l’image par le choix de la contre-plongée et du “nocturne” : nous voici à nouveau, encore, toujours, enfants plus ou moins perdus allongés sur le bord de la route ou accroupis dans le fossé qui la borde, éblouis, peut-être menacés, incapables de voir conducteur et occupants, devinant seulement le paysage.
Nous sommes petits et immobiles, notre regard est fasciné, pris dans la tenaille des deux diagonales de clarté (sous l’œil neutre et terrible de la lune) ; elle, l’automobile, est puissante, elle va de l’avant, l’avenir comme la route s’ouvrent pour elle, qui va dévorer ce tiers droit de l’image.
Voilà deux jours qu’à l’occasion, je viens admirer cette superbe limousine et que je me demande ce que je lui trouve de si fascinant. Finalement ce n’est pas l’objet, comme quoi, une fois de plus, confirmation est faite que le regard l’emporte sur la chose regardée. C’est le traitement, la conjugaison, la déclinaison, la grammaire des contrastes qui me procurent du plaisir. Entre lignes courbes et lignes droites, lumière et obscurité, silence et ronronnement d’un moteur qu’on devine puissant et qu’on “entend” , régulier, horloger, entre immobilité et mouvement, vitesse et lenteur. Entre, finalement, l’image cinétique, cinématographique, qui vient réveiller ma mémoire somnolente et lacunaire de films d’où Eliot Ness surgirait au secours d’une fatale-blonde-hollywoodienne-à-l’-étole-de-vison-blanc-et-la-rivière-de-diamants… et l’émotion toute simple, légère, qui se surprend elle-même d’être advenue.