Avec le temps, la géographie de la diffusion d’un livre prend des formes inattendues. On sait, grâce à quelques lecteurs, à une commande chez l’éditeur, que tel titre est parti au Canada ou tel autre en Argentine, mais cela reste, disons, anecdotique. On n’imagine pas, même si on peut le souhaiter secrètement, qu’un livre édité à Nantes ou à Rennes soit appelé à voyager au-delà des frontières.
Je viens de découvrir, à la faveur d’une recherche sur mon premier attentat contre la littérature – un livre désormais épuisé – qu’un exemplaire se trouvait, dans sa version anglaise, à la bibliothèque d’Alexandrie, en Egypte. Oui, à la Bibliotheca Alexandrina « The library of Alexandria. ». Incredible.
Mais ce n’est pas tout. Le site en question, relève que plusieurs de mes forfaits, pourtant non traduits, se trouvent dans des bibliothèques en Suisse, en Allemagne et surtout aux Etats-Unis. Et pas des bibliothèques de quartier puis que « L’homme blanc » est disponible à Yale University library, « Derrière la montagne » à la New-York public library et « Balade autour d’Annonay » à Harvard (Harvard college library). Oups.
Restons calme, l’explication de ce mystère réside peut-être dans le fait que ces bibliothèques se procurent systématiquement tous les titres qui paraissent dans le monde (comme le fait la Bnf pour la France par le biais du dépôt légal), même si cela paraît insensé. Mais dans ce cas tous les titres devraient être représentés, et non répartis ici ou là, de façon apparemment aléatoire.
Autre hypothèse, la nature des livres : des récits de voyage ou des monographies traitant d’un lieu. Chaque titre est en effet accompagné de mots clés, à l’image de “L’homme blanc” : Eastern Africa, social life and customs, travel narrative. Ce ne serait pas totalement illogique dans des bibliothèques universitaires, sachant que les anglo-saxons sont, on le sait, plus portés que nous ne le sommes sur les récits de voyage. Mais je n’en sais rien. Il est plus compréhensible, pour des raisons sans doute liées à la seconde guerre mondiale, que « Saint-Nazaire, porte ouverte sur le monde » soit présent dans plusieurs bibliothèques en Allemagne. En revanche que « Tour around Annonay » se retrouve à la bibliothèque d’Alexandrie est un mystère quasi-borgesien.
Ce clin d’œil du ciel ravit l’auteur, vous l’imaginez, et va lui donner du cœur à l’ouvrage pour poursuivre la composition, pour l’heure interrompue, du récit de voyage entamée cet été, et qui se déroule, justement, aux Etats-Unis, où un lecteur francophile débusquera peut-être, dans de longues années, un petit bouquin poussiéreux lui proposant un regard singulier sur son pays au début des années quatre-vingt. Il n’est pas interdit de rêver.
Illustration : improbables librairies
En effet, Elena, Moulin-la-Marche c’est la Normandie de la Terre, le Perche, le pays des forêts et des haras, de la glaise et des frondaisons épaisses….
J’ai lu votre lien Philippe. Malheureusement tout n’est pas dit dans cet article. Trop. Et trop peu. Mais si Onfray ne s’engage pas pour le Haras du Pin, ce n’est pas parce qu’il quitte Argentan, on peut s’engager pour toute cause sans être physiquement du voisinage….
Pour son enseignement de Camus aux US…. dommage pour Camus! -au moins soyons sûrs d’une chose, Onfray ne sait parler anglais (pour retrouver une discussion ancienne).
Pouvez-vous me dire, Philippe, Elena, vous qui maniez l’anglais, si cet “Outsider” pour tout “Etranger” a, si je puis dire, le même sens qu’en… français, c’est-à-dire celui sur qui l’on peut compter à la rigueur, qui viendrait bien nous surprendre à l’arrivée. Je pense que non, mais on voit bien ici les limites de l’usage intempestif de l’anglais… en français courant.
bonjour Pascale, votre lien remue des souvenirs d’enfance — Moulins-la-Marche, ce n’est pas loin du haras du Pin.
A propos de Michel Onfray Pascale, lu ce papier dans l’édition alençonnaise de Ouest-France : http://www.ouest-france.fr/actu/actuLocale_-Pourquoi-Michel-Onfray-quitte-Argentan-pour-Caen-_14118-avd-20131101-66253125_actuLocale.Htm. Difficile de commenter vu le contexte, forcément douloureux. Mais il semble bien que la page Argentan se tourne.
Pour revenir aux Etats-Unis, où il donne apparemment des conférences sur Camus, il me revient en mémoire que les Américains traduisent “L’étranger” par “The outsider”, ce qui m’avait surpris à l’époque mais ce qui n’est pas idiot à la réflexion.
http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2013/11/01/01016-20131101ARTFIG00356-la-bataille-des-haras-de-l-orne-contre-une-dechetterie.php?m_i=4r74zZdBWY8L%2B8YlLN34jTNGfBRoQK2mv8dhNqL_SligAoe4i
Je ne savais pas où glisser mon hors-sujet dominical… hors sujet mais pas hors frontière, je parle de celles de la Normandie chère à quelques-uns dans l’hexagone pour des raisons parfaitement antinomiques. Et je me demande…. mais que fait Onfray dans cette affaire? lui qui défend et la cause animale, et la campagne de son enfance, l’ornaise, et l’activité équestre par quelque accointance et ajustement domestique, lui qui vit plus près des Haras (magnifiques ô combien!) susvisés que l’indigné Ardisson, et le royaliste Deutsch ….
Sur les bibliothèques universitaires US, je crois savoir qu’outre leurs vertus quantitatives, elles sont vertueusement qualitatives, je parle de ce qu’elles mettent à disposition, étant, pour la plupart ouvertes 24/24h et quasi 365j (et nuits) par an. Non, non, on n’est pas dans un monde idéal, seulement sur certains campus américains… On rêve juste, que dans la patrie de Molière, Montaigne et qui vous voulez, pouvoir accéder à une bibliothèque municipale le lundi, le dimanche, après 18 heures (dans certains cas, j’ai des noms…. entre 12 et 14h)! ne parlons pas des universitaires où les étudiants se trouvent devant des portes fermées pendant le mois d’Août -c’est vrai que les thèses peuvent attendre et aller se faire dorer à la plage-, le soir, bien sûr, les jours fériés, les samedis après-midi…. c’est selon, quand ce n’est pas cumulé!
On rêve juste d’apercevoir dans la nuit leurs lumières découper des petits espaces de culture et de réflexion, quand d’autres vitrines -chacun met le nom de marque qu’il veut- seraient closes…..
Belle surprise !
J’ai souvent entendu que les prestigieuses universités américaines avaient de magnifiques bibliothèques quand en France ce sont les professeurs qui possèdent ces magnifiques collections, soigneusement mises à l’abri du regard de leurs étudiants.
Une précision pour les auteurs de passage. Il suffit de taper son nom (de plume) suivi de Worldcat sur google, pour tomber sur le site et obtenir la géographie des bibliothèques proposant vos livres, essentiellement à l’étranger.