Monsieur le Président, cher Pascal
Extra-urbain responsable et un brin écolo, conscient des nuisances provoquées par l’automobile en centre-ville, j’ai eu la mauvaise idée vendredi dernier d’utiliser un parc-relais pour garer ma voiture et circuler en tramway pendant la journée. Je devais, le soir, animer une rencontre avec la charmante Kerry Hudson, dont je vous recommande la lecture, au Lieu Unique. Catherine, qui organisait la rencontre, avait eu la mauvaise idée de me convier à dîner dans la foulée.
Manifestant une légère inquiétude quant à la possibilité de récupérer ma Dacia au terme de la soirée, j’ai été rassuré par tout le monde : “s’ils ferment le soir, c’est avec la dernier tramway, c’est logique, puisque ce sont des parkings tramways”. Erreur grave. Débarquant donc avec l’un des derniers trams, aux alentours de 23h 45, aux abords du parc Orvault-Morlière, j’ai dû écarquiller les yeux en apercevant un immeuble clos comme une prison, défendu comme un bastion Tchétchène devant l’armée Russe. Pas un chat, pas un chien naturellement, pas un hôtel dans le secteur. Un no man’s land total et glacial. Je n’étais évidemment pas vêtu pour passer la nuit dehors. Précisons que je réside à 35 km de Nantes.
Je vous passe les détails, les coups de fil en pleine nuit à la recherche d’un havre, l’appel d’un taxi avant l’arrivée d’un sauveur en la personne d’une petite voiture blanche siglée Sécuritas, qui effectuait une ronde de nuit. Sourire du chauffeur : “votre voiture est dedans ? Il y a peut-être une solution, en cherchant bien vous allez trouver un petit panneau avec un numéro de téléphone. Il vont nous appeler et je pourrais revenir avec les clefs, mais ça va coûter un bras.” Après quelques minutes de patientes recherches je finis par débusquer ce minuscule panneau et à appeler le numéro en question, où l’on m’explique que le déblocage va prendre une demi-heure et que la facture sera de 30 euros.
Sur ce, naturellement, arrive le taxi, que je dédommage pour son déplacement inutile, en pleine nuit. Mon agent Sécuritas revient un bon quart d’heure plus tard et nous passons à la partie administrative du délit : nom, prénom, adresse, immatriculation du véhicule, signature de trois documents, dont l’amende. “Vous savez, vous pouvez contester”, me précise mon sauveur, avec qui j’ai fini par sympathiser (il refusera le billet de 5 euros que je lui tends en franchissant la porte) trop heureux de m’échapper après une heure de galère nocturne. “C’est très mal indiqué, il y a plein de gens qui se font piéger. Notre record, un dimanche, c’est 14 voitures”. J’apprends ainsi à l’occasion qu’il faut à tout prix éviter le dimanche.
Monsieur le président, cher Pascal, je ne contesterai pas cette amende. Peut-être d’ailleurs la Semitan n’est-elle pas gestionnaire de ces parcs-relais. Peu importe. En revanche je vous invite soit à faire coïncider les horaires avec ceux du tram, soit à revisiter votre politique de communication, qui ne cesse d’inciter, d’encourager la fréquentation de ces merveilleux parkings. De deux choses l’une soit les paysans de mon bois n’ont pas le droit de dîner à Nantes, soit ils doivent inventer des stratégies de sioux pour ne pas se retrouver ainsi piégés,
Sans rancune et bien à vous,
Philippe
Je ne m’en remets pas…. J’ai donc bien relu pour être sûre :
“votre voiture est dedans ? Il y a peut-être une solution, en cherchant bien vous allez trouver un petit panneau avec un numéro de téléphone. Il vont nous appeler et je pourrais revenir avec les clefs, mais ça va coûter un bras.”
Donc, je parle-à-un-Monsieur-qui-pourra-m’ouvrir-avec-des-clefs-qu’il-n’a-pas-pour-lesquelles-je-dois -appeler-quelqu’un-qui-le-joindra-pour-aller-cherche- les-clefs-avec-lesquelles-il-reviendra. Je suppose que nous sommes à 20 cm l’un de l’autre, puisque nous nous parlons. Ce n’est même pas lui qui appelle, c’est à moi de trouver le téléphone etc etc….
Je viens d’achever l’excellent “Quand le mal est fait” de Nan Aurousseau, dont l’essentiel (mais pas tout) se passe dans le parking d’une tour, aux couloirs qui ne mènent nulle part sinon à l’horreur (nous n’en sommes pas encore là… mais on ne sait jamais!), à la recherche d’un téléphone, d’un ascenseur, d’une porte, d’un escalier….
“Faire quelque chose”…. ça ne mange pas de pain!
quand? quoi? et comment?
Apparemment, et comme toujours, tout le monde est au courant, il ne se passe rien.
En plein coeur du centre ville de Caen -face à l’Eglise Saint-Pierre pour ceux qui connaissent- un parking souterrain ferme le soir, à l’heure où l’on s’attable en ville…. jusqu’au lendemain matin. Enfin, c’était encore comme cela il y a peu. Et depuis des années…. Si quelqu’un de sensé a changé cela, grâce lui soit rendu. Dans quel univers vit-on où il faut se réjouir de ce qui devrait être l’ordinaire, et subir des décisions kafkaïennes, je reste polie.
Je me demande toujours à qui profite le crime? Pourrir le quotidien des administrés….
Les paris sont ouverts sur la longueur de la procédure qui modifiera l’information et la signalétique du lieu. Affaire à suivre. On s’épuisera avant eux probablement, car une telle décision, minuscule et d’aucun rapport électoral, peut durer des mois encore! Chiche?
Je te sens colère, là …
Merci Pascal pour votre réactivité et votre réponse. Une lettre n’aurait d’évidence pas eu la même efficacité (sans compter que je n’aurais sans doute pas eu la courage de m’y coller). Donc, donc, je retiens votre première remarque : il va effectivement falloir faire quelque chose. Au plaisir.
Il va effectivement falloir faire quelque chose… Nous sommes incontestablement meilleurs pour transporter les voyageurs que pour garder leur voiture…. Désolé, cher Philippe, et bien que toutes les informations soient très probablement accessibles sur un petit panneau, force m’est de constater que vous n’êtes pas le seul à avoir été piégé. Le précédent que je connais devait rentrer à Mouais. Il est devenu député depuis mais ça n’a rien à voir ! Mille excuses. Pascal BOLO