Nous sommes au café. C’est un endroit paisible où des conversations peuvent naître, des contributions peuvent être apportées, en rapport avec l’actualité, les lectures du moment, pourquoi pas le dernier billet du blog, même si ce café est indépendant de l’atelier. Mais toujours de façon civile et déliée. Le patron est attentif au fait qu’il y règne une ambiance chaleureuse, dénuée d’agressivité. On peut y déposer un mot, mais aussi un lien, attirer l’attention sur un article, un livre, mais aussi répondre à une remarque. Cet espace se substitue aux commentaires sur chaque article. Pratique qui s’est avérée trop contraignante à maîtriser. Il est issu d’une réflexion sur l’architecture des blogs, qui s’avère trop rigide, et offre ainsi un espace d’expression à celles et ceux qui le souhaitent.
Bienvenue
Illustration : le café du théâtre, Alençon
C’est par personne bien entendu. Mais comme le relève Jao Jao le vin était moins alcoolisé, autour de 8°. Cela dit trois litres par jour, ça devait commencer à taper.
….j’y reviendrai, mais quelques mots avant de filer pour un AR express (dans ma petite vieille voiture à la capitale régionale, en son université sise dans un hôtel particulier du XVIIème siècle!)… la consommation quotidienne de vin que vous indiquez, Philippe, est-ce par abbaye? mais alors pour combien de pensionnaires, ou individuelle?
Contrairement à ce que l’on pourrait croire, boire du vin a souvent été, dans les temps prémodernes (ça fait large) une prévention contre toutes sortes de maladies que l’eau, si l’on n’était certain de sa provenance -et encore des mains malintentionnées pouvaient empoisonner les sources et les puits!- transmettait assurément. C’est pourquoi la réputation de pochtron(s) de la soldatesque en général, n’était pas usurpée (j’emploie intentionnellement le passé, cela n’existe plus, bien sûr!), boire du vin était préventif en terre inconnue, nul ne savait si le fleuve, la rivière n’avaient été souillés. Pour ne rien dire des pollutions non intentionnelles, dues aux rejets de tous, absolument tous les déchets dans l’eau qui passe… (le cas de la Seine puante et crasseuse aux abords des tanneries est fort connu). Si nos nonnettes étaient en ville, il valait mieux qu’elles boivent du vin (de messe?) que de l’eau. Les nonnes normandes et alençonaises pouvaient -elles avoir confiance en la rivière Orne? se demander si elles ne buvaient pas aussi du cidre et du poiré qu’elles produisaient….
si peu de monde entre ici que je peux risquer un très très mauvais jeu de mots…
Casanova : le mâle entendu! D’accord, je sors, comme on dit ailleurs…
Mais pourquoi, diable, cette sotte saillie ne me vient-elle qu’aujourd’hui?
Bon, je ressors….
J’aurais voulu dire, moi aussi mon “amour” pour le point-virgule. Est-ce un vieux truc d’ex-sténo-dactylographe ? La ponctuation ne me semble pas avoir la même importance en calligraphie. Les courbes, les espaces et formes de l’écriture manuelle expriment un rythme. Au clavier, la ponctuation, la mise en page, bien comprise, bien lue, affine, me semble-t-il, énormément le texte…
C’est d’la musique tout ça ! “au clavier”, “pause”, “demi-pause”…
Goulée de plein air avec le retour du printemps, ce billet sur la débroussailleuse, publié en avril 2014, dans la respiration du moment.
Il faut sauver le point-virgule, j’en suis d’accord. C’est le plus épatant des signes de ponctuation. Comme un geste d’acupuncture dans la phrase. Économie de place : deux en un. De moyen : pause et demi-pause.
Équilibré et élégant. Reprendre son souffle, à peine. Porter le regard au-delà, tandis que la voix est encore en-deçà, parce qu’il ne ferme la phrase qu’à demi.
http://www.culturemobile.net/visions/bernard-stiegler-emploi-est-mort-vive-travail
C’est en effet un passage que j’ai particulièrement apprécié, je m’en souviens.
Retour au Divin marché, une lecture décidément passionnante. Extrait :
“Le Marché, ce dieu postmoderne (…) est capable de concentrer sur lui la haine des dieux qui échappent encore à son influence. Certes, le monde est en voie de globalisation, mais il existe encore de vastes zones pré-modernes. Entre ces deux zones, pré- et postmodernes, c’est à une nouvelle guerre de religions que nous assistons. Les religions pré-modernes savent bien bien que si elles ne réussissent pas à détruire par tous les moyens possibles le Marché, c’est le Marché qui les détruira. On assiste donc à une radicalisation des religions pré-modernes au titre desquelles il faut évidemment compter ces pans de l’Islam prêts à en découdre avec le Marché et ses incarnations (la société occidentale, les multinationales etc…). Comment oublier que ce fut un des temples les plus visibles du Marché qui fut visé le 11 septembre 2001 avec la destruction des tours jumelles du bien nommé World Trade Center ?”
Epokhé, en français… signifie suspension. Classiquement employé pour inviter à ne jamais formuler quelque jugement avant de l’avoir soigneusement passé au crible de l’analyse et de la raison, je n’en garde que l’aspect “pneumatique”, suspension du souffle, peut-être le souffle coupé….
Une remarque de Jean-Louis sur la mémoire, publiée par ailleurs, m’invite à reproduire un paragraphe qui clôt le chap 2 :
“J’aime ta facon de parler de la relation de Jean Blaise au passé. Pour avoir un peu échangé la-dessus, c’est un vrai sujet ça en effet, et qui va au-delà de lui bien sûr. Faut que je fasse un livre aussi!”
A l’occasion de quelle édition Royal de Luxe a-t-il installé des carcasses de voitures dans les arbres de l’allée du parc ? On ne se sait plus trop. Les éditions se chevauchent dans les souvenirs des uns et des autres. Et les documents sont rares. « C’est étonnant mais il n’y a rien sur internet. Et très peu de gens ont conservé des archives sur cette époque » regrette Bernard Bretonnière. En fait tout le monde vit comme l’oiseau sur la branche. Une saison repousse l’autre et on ne s’attarde guère sur le passé. Seul le magazine Face B, édité chaque trimestre par le CRDC, témoigne de la richesse de la programmation, ouvrant volontiers sur l’ensemble de la vie culturelle régionale. « Il est difficile pour un lieu de culture dont la vocation est de programmer des spectacles vivants, ou d’aider à leur production, de se situer dans le temps » écrit Jean Blaise dans l’avant-dernier numéro de Face B, « Il y a quelque chose de fascinant, mais aussi d’absurde, à monter et à démonter des décors parfois lourds, à régler et à dérégler des éclairages sophistiqués, pour quelques instants de représentation. Pour ces raisons, nous avons toujours pensé qu’il nous fallait aussi – en quelque sorte pour nous équilibrer – préserver, à travers Face B, un secteur de l’écrit, un peu comme après les grandes périodes d’activités sociales, fatigués, le remède serait de se plonger dans un gros livre, avec du temps et du silence. » Malheureusement, Face B ce seul témoignage écrit ne survivra pas aux années d’errance. Trop cher. Le dernier numéro est publié en avril 1990.
Mais n’allons pas trop vite. Jean-Marc Ayrault, qui n’est pas précisément connu pour être un modèle de décontraction, est séduit pas l’atmosphère du festival de la Gournerie, où le public nantais accourt chaque année un peu plus nombreux. C’est de cette époque que date, sans nul doute, la complicité qui va le lier indéfectiblement à Jean Blaise. Le futur maire de Nantes est à la fois bluffé par la singularité des propositions artistiques, la qualité des spectacles et l’espèce de bonhommie avec laquelle tout est organisé. Le maire de Saint-Herblain n’est pas dupe. Il est bien placé, comme Président du Syndicat intercommunal, pour savoir qu’une manifestation accueillant plusieurs milliers de personnes s’appuie sur une grande rigueur technique et budgétaire. Cette apparente désinvolture n’en restera pas moins la marque de fabrique de Jean Blaise, pour qui démarre une nouvelle aventure, en 1989, avec la conquête politique de Nantes.
Voilà qui est fait.
une remarque, après quoi, je m’en vais vers d’autres mots, remarque dont je tourne l’opportunité dans ma tête depuis la rédaction de cette note : la jolie construction oxymorique d’ égo-grégarité, que l’on aurait aimé avoir trouvée, souffre d’une ambiguïté orthographique, mais je suis sûre, en revanche, qu’elle est voulue, D-R Dufour n’est pas un perdreau de l’année. Le mot “Ego” directement en français depuis Descartes dans sa version vulgaire (étym.) ne porte évidemment pas d’accent, le latin n’en usant pas lui-même. Mais le terme français “égoïsme” qui en vient en droite ligne, en porte un. A ceux qui “pensent” d’abord le latin en lisant ces trois lettres e-g-o, l’accent est de trop, à ceux qui détectent que l’égoïsme va se fracasser contre le grégarisme, il est bienvenu. Je me suis essayée à écrire “égogregarité” d’un seul tenant, plus barbaresque côté signifiant, plus efficace (selon moi) côté signifié… Le dernier…. mot revenant, de toute façon, à l’auteur.
Bon, mon 3ème café du matin est de mise, surtout en ce lieu.
“et l’obligation de composer, jadis, avec le désir que le Principe de Réalité est-elle caduque pour nous ….”
Vraiment ce bout de phrase ne va pas du tout.
Il faut lire “l’obligation de composer jadis avec le désir, ce qui caractérise le Principe de Réalité, est-elle caduque pour nous….etc…..”
( j’ajouterais bien “dans ce recouvrement de tout par le Principe de Plaisir”, pour rester dans la terminologie freudienne, mais le sens des propos de Dufour me paraît assez clair)
Je confirme donc ma demande n° 2, – y a-t-il un mécanicien dans l’atelier?- mais j’en modifie l’objet. Si possible, remplacer le bout de phrase incriminé par le nouveau bout de phrase corrigé. Grand merci!
C’est corrigé. Au temps pour moi, Pascale. L’expression n’a jamais été aussi justifiée, j’ai publié dans la précipitation, ce n’est jamais bon.
Mais prenons notre temps, ce texte accepte volontiers plusieurs lectures.
1) Le titre du billet est l’égo-grégarité (même si éco n’est pas mal, mais ce n’est pas l’expression de l’auteur….)
2) Et puis, vers la fin, il faut remplacer, dans la lecture, peut-être dans le texte (y a-t-il un mécanicien dans la salle?) un “elle” fautif par un “il” bien meilleur…
3) Enfin, la Fable des abeilles est en lecture libre sur Internet.
A part cela, D-R Dufour a publié récemment Le Délire Occidental, Editions Les Liens qui Libèrent, 2014.
L’histoire de la photo est ici : http://www.loeildelaphotographie.com/fr/2015/03/02/editoriaux/27407/vol-et-detournement-de-photographie
P. écrit une note apportant une petite précision sur “quand Platon chasse les poètes de la cité… Je n’ignorais pas le contenu que cette précision évoque et je la remercie.. Mais je donne au lecteur du café de Théâtre le poème de Blaise Cendrars, source poétique de mon propos:
Platon n’accorde pas droit de cité au poète
Juif errant
Don Juan métaphysique
Les amis, les proches
Tu n’as plus de coutumes et pas encore d’habitudes
Il faut échapper à la tyrannie des revues
Littérature
Vie pauvre
Orgueil déplacé
Masque
La femme, la danse que Nietzsche a voulu nous apprendre à danser
La femme
Mais l’ironie ?
Va-et-vient continuel
Vagabondage spécial
Tous les hommes, tous les pays
C’est ainsi que tu n’es plus à charge
Tu ne te fais plus sentir…
Je suis un monsieur qui en des express fabuleux traverse les toujours mêmes Europes et regarde découragé par la portière
Le paysage ne m’intéresse plus
Mais la danse du paysage
La danse du paysage
Danse paysage
Paritatitata
Je tout-tourne
Blaise CENDRARS
Février 1914
Cinquième poème des
Dix-neuf poèmes élastiques
Au temps pour moi M Court, il s’agissait du papier sur Lorant Deutsch évidemment. J’ai un peu la tête sous l’eau en ce moment, même si je viens d’achever le premier jet du travail en cours.
Cher Albert-Philippe
Mais un lien figure bien sur votre blog, page conversation, sous la signature de l’internaute p, le13 Février 2015! Il devrait vous y conduire directement!
Bien à vous.
Marc Court
Déconnectons cette mention “auteur de l’article” qui s’affiche toute seule, nous sommes au café.
Donc, j’ai cherché M. Court ce blog, que je ne connaissais pas, sans succès. Enfin un papier de plus d’un an, et je n’ai pas même réussi à lire les commentaires.
Plus que 20 000 signes et mon affaire est pliée. C’est un peu comptable comme façon d’envisager les choses. Mais c’est un exercice à contrainte, et il faut mettre du jus dans ces signes.
Bonne soirée
Bon, je n’ai pas pu résister à une contribution deutschienne sur le blog de Salviani.
J’ai aussi rarement autant ri….
Bien à vous.
MC
Dites-moi, vous avez mangé du lion M.Court. Sur la Folle journée je ne suis pas assez compétent pour juger. En revanche j’aime beaucoup l’appellation Petit Véhicule, que l’on peut interpréter de multiples façons. Je crois d’ailleurs savoir que la branche du bouddhisme en question n’est pas l’intention principale.
Sur ce, je file au café-théâtre. Ce n’est pas un jeu de mots, juste une expérience tentée dans le bourg voisin.
Bonne soirée.
Précisons tout de meme que le Petit Véhicule en tant que courant bouddhiste est un courant amoindri et sectaire dont la peu libérale ile de Ceylan exporte les moines….Je n juge pas l’édition, ne la connaissant pas.J’espère qu’elle vaut mieux que son titre rabougri.
MC
Je ne suis pas nantais non plus, mais la mafia de la Folle Journée et des petits pianistes de René Martin m’insupporte. De tou ces jeunes messieurs, je n’en vois pas un seul depuis le temps qui se soit imposé en Allemagne. d’un point de vue pianistique, c’est une usine à pygmées non exportables…
Bien à vous.
MC
J’ai lu la lettre ouverte dont il est question ici, sur le site le Petit Véhicule. Et pourtant je ne suis pas nantaise. Je me disais que tant d’autres villes devaient être dans cette même mutité et surdité à l’endroit des “petits véhicules” qui pourtant circulent en leur coeur.
[petite précision, quand Platon chasse les poètes de la Cité, c’est d’une cité à venir, et non l’athénienne dans laquelle il vit et n’a aucun pouvoir, et c’est surtout en raison de l’hybris dont ils font preuve, quelque chose qui ressemble à la démesure, chose si peu grecque….. Les poètes ne sont pas la conscience lucide et inquiète du temps, en ce temps-là, mais ceux qui, dominés parfois par une transe mystique, donnent l’image d’un trouble singulier qui n’a pas sa place dans la République que Platon appelle de ses voeux -et dont l’organisation ne peut tolérer la puissance de l’individu inspiré…]
Mais, même sans Platon, tous les gouvernants et gouvernements qui aiment l’ordre, la soumission et l’obéissance détruisent en raison proportionnelle, les artistes, les poètes donc, les intellectuels et les penseurs en général. L’Histoire est remplie de ces mises en rang par le vide.
Merci pour ta réponse, Luc. Il me semble que sur le fond nous sommes d’accord. On voit aujourd’hui à quel point l’éducation populaire est nécessaire et où l’inculture nous conduit.
J’entends ton argument sur l’image de la ville. Disons que je regarde les choses sous un autre angle. C’est peut-être mon expérience de correspondant pour la presse parisienne qui modifie ma perception, mais tu ne peux pas m’empêcher de me réjouir de ce qui se passe à Nantes. J’ai – trop longtemps – mesuré le mépris des cercles parisiens pour ce qui se passait “en province” pour ne pas goûter le fait qu’une véritable singularité se soit déployée à Nantes.
Lorsque j’étais correspondant de Libé, j’ai eu toutes les peines du monde à glisser en six ans un malheureux papier sur Royal de Luxe. Ca ne parlait pas aux rédactions, c’était provincial, donc sans intérêt. Une amie, parisienne à l’époque, m’a confié ne jamais avoir entendu parler de cargo 92, et découvrir avec émerveillement cette aventure (j’ai posté une video il y a qq jours), alors qu’on nous vend une soupe tiède à longueur de colonnes, d’émissions radio et télé.
Pour le reste, la grand combat me semble plus se dérouler sur le terrain de la marchandisation (cf mon dernier billet) que sur celui des querelles de chapelle.
Mais il ne faut pas désespérer. Internet peut être un bel outil pour échapper à la grégarité ambiante, pour peu que l’on s’en empare. Et pour rebondir sur le billet du jour il me semble qu’il y a quelque chose à creuser du côté de “la société de la recommandation” de Bernard Stiegler (qui n’est pas évoquée, mais que je tacherai de présenter un de ces jours). Nous ne faisons pas autre chose ici, en nous recommandant quelques lectures, quelques pistes de réflexion.
Vivifiant, c’est exactement ça. J’avais peur d’un discours caricatural. Le divin marché est bien documenté et semble bien charpenté. Le gag c’est que je n’arrive plus à remettre la main dessus, il me fuit.
Réponse à Philippe Dossal
Ton point de vue mon cher Philippe je le partage en partie. Et j’ai apprécie ton style. Mais ce coup de gueule n’est pas qu’une affaire petit véhicule. A la limite plus d’aide. On vit autrement. Mais il s’agit du coeur du langage et du poème. Il y a trop de petits marquis qui dirigent la Culture institutionnelle. Il y a et je n”en ai pas parlé dans ma lettre heureusement le Chemin du Tao que je fréquente de plus en plus. Je reprends le fil de ma courte réponse pour la compléter. Tu parles au sujet de ma lettre ouverte au maire de la ville de Nantes de coup de gueule mais je crois qu’il s’agit d’un coup de coeur. On est en droit démocratique de demander que le pouvoir, n’importe quel pouvoir dans un cadre républicain et démocratique soit attentif à chacun, réponde et motive ses choix. Dans la domaine de la culture, on sait très bien qu’il est demandé aux institutions grand public de vendre l’image de la ville. Mais on ne se pose pas la question de l’enracinement profond, du sens même de la culture pour chaque citoyen, de la présence de l’oeuvre de l’artiste dans la conscience de chacun. C’est la fameuse querelle qui a commencé sous Platon qui mettait le poète hors les murs de la cité. Cela continue encore aujourd’hui. C’est un débat d’idée que je tente de mettre au sein de la cité. Modestement. Mais dire ce qu’on a à dire en l’argumentant est l’apanage d’une forme de liberté. Dit autrement: j’avais il y a quelques années remis au goût du jour le Marché de poésie de Nantes et région. Rufus était venu en tête d’affiche. 2000 personnes étaient présents. Nous avions réalisé ce week-end littérature et poésie avec les moyens du bord. C’est à dire sans moyen. La ville de Nantes n’avait pas octroyé les 2000 euros demandés pour équilibrer le budget. L’argument décisif du refus avait été le suivant: on donne déjà à la Maison de poésie qui a pour charge de diffuser l’image de la ville. C’est contre cette idée de l’usage que l’on fait de la culture et du contenu des oeuvres que je m’exprime. Si on estime que telle oeuvre ne diffuse pas suffisamment l’image de la ville, alors elle est soumise au pilon institutionnel. L’exemple du festival Atlantide qui ignore les éditeurs vivant en région en est l’exemple le plus significatif.
Il ne s’agit pas d’opposer deux camps. Chacun peut faire ses choix électifs. La folle journée de Nantes est une grande chose parce qu’elle est grand public et infiniment offerte à la sagacité de chacun. La part collective et la part individuelle peuvent se conjuguer avant, pendant et après l’événement. Les équilibres et les complémentaires se réalisent. Ce ne sont pas deux camps qui s’opposent artistiquement. Mais l’opposition se situe en termes de choix politiques, ce pouvoir culturel qui confisque les moyens au détriment de projet aussi nobles, cela n’est pas convenable. Tu as remarqué que dans ma lettre je ne parle pas de l’estuaire et même des machines de l’Ile en tant que tel. Ce que tu en dis est profondément respectable et vrai aussi. Mais me permettrais-tu d’avancer l’idée qu’il faut quand même avoir à sa disposition un scaphandrier ou un petit sous-marin pour avoir accès à l’événement touristico-culturel et d’un discours explicatif quand on présente au public des oeuvres plastiques dites contemporaines.? Voilà qui est paradoxal.
Juste à côté et même depuis plusieurs décennies, il y a l’université de Nantes aux chantiers navals qui développe ( et j’emploie ce mot photographiquement parlant) et réalise une politique culturelle de haut niveau à l’ombre du discours officiel et des oreilles de l’éléphant. Cette université sème des graines inlassablement, seules réponses sur la durée à la crise des consciences, à la crise du sens, à la crise du langage. D’autre points à discuter dans l’échange seront à développer pour plus tard. Avec ces graines d’éducation populaire, nous ne serons jamais sans défense. J’ai vu que tu avais préparé un livre”sur la façon dont avait été réenchantée par l’art la ville de Nantes ces trente dernières années”. C’est bien ainsi. Cela me permettra de conclure provisoirement sur ceci. Ce qui compte dans la culture au sens large, c’est de constamment revenir aux sources comme le saumon pour vivre le présent de l’avenir et l’avenir du présent dans sa propre intimité. Si je deviens le souverain de moi-même, j’ouvre mon coeur à l’autre. Je suis Orphée dans l’échange et je ne suis plus Narcisse-meuble fermé à double tour courant systématiquement après tous les honneurs. Si une politique touristico-culturelle d’une ville permet à chacun de découvrir les poètes, les grands poètes de notre histoire y compris de notre ville, alors je dis oui. Si elle permet à chacun d’entre nous de lire par exemple Le plein du vide de Wang Wei, le grand poète chinois du 6ème siècle édité aux éditions Moundarren, alors je dis encore oui. C’est là que résident les possibilités de l’enchantement. Ces graines ainsi plantées germeront en nous et lutteront contre la barbarie et le barbare en nous. Ne sommes-nous pas dans un pays où la matière de Bretagne est la reine de nos créations poétiques artistiques? il y a donc de l’espoir que les deux camps qui s’opposent puissent établir des passerelles fabuleuses. Ne le crois-tu pas?
A la prochaine conversation.
Luc Vidal, le 21-02-2015
en train de lire deux livres en même temps de Dufour. Ce Divin Marché qui a sept ans environ, donc l’âge de raison, et le dernier paru Le Délire Occidental où je suis plus avancée.
C’est tout à fait bien, pertinent, énergique et vivifiant.
Y revenir donc.
J’allais justement lever le nez aujourd’hui, Pascale. Une journée de relecture avant la ligne droite finale, la semaine prochaine. Enfin, avant le retour des épreuves. La parution du bouquin a été avancée à mai.
Le fait que le café soit silencieux ne veut pas dire qu’il soit vide. Je suis allé voir du côté des statistiques : 96 visites en une dizaine de jours, ce n’est pas mal.
Il y a des choses assez inattendues dans ces statistiques. Deux billets assez anciens “Il faut sauver le soldat Waterman” et “Et Dieu créa Gotlib” apparaissent dans les billets les plus lus ces trente derniers jours.
Je ne sais pas si ce café est une bonne idée, il me semble qu’il faudra un peu de temps. En tout cas, c’est assez confortable. Je vais essayer de rendre l’intitulé plus explicite.
Côté lectures, je suis tenté par le dernier Fumaroli “La république des lettres” , surtout par sa lecture du XVIe, mon siècle fétiche. Même si j’ai, dans le même temps, quelques lectures obligées à conduire.
Journée plus calme aujourd’hui donc. Homme blanc va couper du bois, s’occuper de ses poules et boire beaucoup de café, comme d’hab’.
….. difficile de réagir, Philippe, à vos lignes d’actualité polygraphiques. Ici, au café, je ne sais s’il y a des voisins, des commensaux, des hommes et femmes de passage, difficile de savoir si l’on parle tout seul, un peu comme un fou, une folle qui, sirotant son breuvage obtient l’approbation charitable de celui qui passe sur le trottoir, ralentit, mais finalement ne s’arrête.
Et? vous? et vous? s’arrêter? se poser? une minute, un instant? un presque-rien?
Je viens de comprendre pourquoi, sur ce fil uniquement, il est plus judicieux d’inverser la chronologie… en effet, il n’y a qu’une file pour le fil, et bientôt, il faudra du temps pour faire défiler… surtout si la foule arrive sans se défiler pour grossir les rangs…..!!!
Jamais lu. J’aime bien la première citation ;
“Il en va de mon sentiment de la vie comme de cet Anglais qui était dans la gêne, bien que possédant un billet de 100 livres : il se trouvait en un lieu où il n’y avait personne pour le changer.”
Kierkegaard me fait, en philosophie, l’effet de Proust, en littérature, il me terrifie… rien de commun entre les deux, sinon la terreur du monument à escalader, duquel on ne viendra jamais à bout. Jamais, quoi qu’on fasse, et peut-être même surtout si on s’y colle. Métaphores du rocher sisyphien à eux tous seuls, ils me pétrifient!
Et puis l’incomplète et mauvaise lecture que j’en ai fait -Les Miettes philosophiques, par ex, joli titre- a trop souvent, pour mon goût, mis Dieu en travers de la page. J’ai un peu de mal. “Le saut dans l’absurde” que réclame Soren à juste titre, je ne sais pas faire.
Est-ce l’inconscient qui travaille en nous menant, ce soir, au Danemark terrorisé et blessé, par un lien vers Kierkegaard? j’aime bien ces inattendus mystérieux….
Un lien sur le blog littéraire d’un copain, que je viens de découvrir https://entrelesvagues.wordpress.com/
“Quand le monde ne sait pas quelque chose qui doit rendre un conte parfait, il invente, et le vraisemblable occupe souvent très à propos la place du vrai.”
Casanova
J’adore les contes, et je veux bien lire de belles histoires. Mais je ne veux pas que l’on (me) trompe. Que l’on (me) raconte quelque chose en demandant de le tenir pour vrai, alors que c’est faux, que c’est bidouillages. Que l’on confonde l’Histoire, ses exigences de travail et de rationalité, et les petits arrangements avec ses propres bricolages. Il y a d’excellents livres sérieux qui, sans se prendre au sérieux, ne sont pas inaccessibles. Mais L.D c’est du foutage de gueule…. ouaahh mais c’est qu’il me fâcherait presque l’agité du bocal, qui en effet n’a même pas l’élégance d’articuler quand il parle. Je me souviens d’un plutôt mauvais téléfilm sur Sartre et Beauvoir, il y a quelque temps déjà, où L.D tenait le rôle de Jean-Paul. C’était affligeant! le voir sauter comme un cabri et envoyer ses phrases avec la délicatesse d’une arme automatique était à pleurer…
… et encore je me retiens…
Bon, allez une petite bière. A cette heure là personne ne pourra me le reprocher.
Pascale, vous êtes très bien en gardien du temple. et vous avez évidemment raison. Mais l’heure est aux représentations simples, au storytelling, aux archétypes, pour ne pas dire aux portes ouvertes.
C’est la dramaturgie qui compte. On écrit un conte, pas de l’histoire. Et on lit un conte. C’est pour ça que ça se vend. On a plus que jamais besoin de se raconter des histoires.
https://strathistorique.wordpress.com/
Je me régale!!!
Et voilà comment on se croit savant (L.D) ce qui ne serait pas si grave si cela ne faisait des succès de librairie comme on dit pudiquement.
Je partage l’amertume du rédacteur de l’article quand il dit que des dizaines de milliers d’exemplaires sont ainsi vendus, là où les véritables chercheurs du silence et du travail à la pointe du scalpel sont tout simplement méconnus, (si ce n’est honnis, il n’y a qu’à lire certaines contributions à certains blogs, où l’on (vous) dit sans vergogne que tout cela (les travaux universitaires et autres sérieusetés c’est de la connerie… et qu’il faut juste s’en remettre à son goût). Mais je n’oublie jamais que la pire insulte dans les cours de récréation en primaire et au collège c’est “sale intello”, au Lycée, ça se calme car ils ont de nouveaux ‘amis’ pour occuper leur temps de cerveau resté disponible, virtuels et pourtant bien chronophages.
Quand je dis ‘véritables chercheurs’, je ne plaide pas contre la diffusion du savoir, c’est juste le contraire, il y a dans nos bonnes librairies des tables et des étagères entières où l’on peut trouver du sérieux, du travail, et de l’accessible, et de proche en proche, de mise en perspective en mise en perspective, on construit du solide, et on déconstruit -ou plutôt ça tombe tout seul- l’amateurisme. Pareil pour les plateaux télés.
Prendre un peu de temps pour lire cet excellent article, dans lequel non seulement on a la démolition d’une arnaque, mais au passage, et pour pas un rond, la restitution des faits, des références, des éléments de compréhension….
Moi qui voulais juste passer la tête pour ‘voir’ voilà que je me suis assise au fond de la salle pour bavarder en sirotant un café, double, fort et non sucré.
Une curiosité pour ouvrir la maison : réserve parlementaire ou clientélisme républicain, les bonnes oeuvres des parlementaires mises à jour : http://www2.assemblee-nationale.fr/reserve_parlementaire/plf/2014. Il suffit de taper le nom de son député.