“The medium is the message” disait Mac Luhan, que l’on traduit généralement en français par “Le message, c’est le medium” formule qui, curieusement, inverse les termes de la proposition tout en respectant le sens. C’est peut-être exagéré, mais cela s’éprouve avec les échanges en ligne.
Internet a inventé un medium inédit avec la communication écrite à plusieurs dans des espaces horizontaux, comme les réseaux sociaux, ou verticaux comme les blogs ou encore les commentaires des articles de presse en ligne. « On n’a pas encore assez de recul, expliquait un chercheur lors des dernières rencontres de la presse en ligne, mais le poulailler qui s’ébat au pied des articles de presse doit être étudié. C’est un objet sociologique inexploré. » On comprenait à demi-mot qu’il le considérait comme une forme archaïque de quelque chose en devenir.
De fait les cadres assez rigides des formulaires de contribution et surtout l’architecture des différents supports induisent de nouvelles formes d’expression. Sur la forme comme sur le fond. Les réseaux sociaux sont le royaume de la réflexion binaire (j’aime, j’aime pas) et des formules lapidaires. Ces réseaux ont toutefois une grande vertu, celle de diffuser l’information par capillarité et d’embrasser toute une communauté en quelques clics.
Les blogs, quant à eux, induisent des conversations à l’aveugle avec des interlocuteurs connus ou inconnus qui s’empilent chronologiquement. Ils participent parfois à la création de communautés partageant des centres d’intérêt communs. Mais leur structure verticale souffre d’un manque évident de souplesse, privée d’arborescence, interdisant toute conversation privée ou plus spécialisée qui pourrait se déployer horizontalement. Comme dans un salon lorsque l’on s’installe à part pour converser.
Sur le fond, ces cadres induisent aussi des incompréhensions. La puissance de feu de l’écrit, qui n’est pas pondérée par la présence physique (le langage “non verbal”), les différences de sensibilité, l’illusoire protection de l’anonymat, peuvent provoquer des frottements douloureux. Comme c’est, par exemple le cas sur la République des livres de Pierre Assouline.
Tout cela est passionnant à observer, même si cela provoque parfois de redoutables quiproquos. Cette rigidité formelle est inéluctablement appelée à évoluer, les cadres vont s’assouplir, et de nouvelles formes d’échanges, de conversations vont voir le jour. Et une fois encore il est possible que Mac Luhan ait raison : le medium influera sur le message.
Ce débat sur la nature des commentaires, la façon de les gérer, l’apparition des “modérateurs” puis aujourd’hui des “community managers” (un certain nombre de mes étudiants sont désormais recrutés pour exercer cette activité, qui a vu le jour il y a trois ou quatre ans), est extrêmement sensible et mérite d’être observé avec attention (il suffit de jeter un oeil dans le lien que tu donnes sur la levée de boucliers provoquée par la modération a priori que souhaite instituer Libération). Il met en lumière les craquements provoqués par la possibilité ouverte à tous, de commenter, critiquer, voire insulter les auteurs des papiers ou les autres contributeurs.
Une sorte de “code de la route” va devoir se mettre en place pour éviter les télescopages et les dérapages enregistrés ici ou là. La difficulté principale consiste à maintenir la bonne tension entre la spontanéité (commentaires entièrement libres et diffusés en direct) et différentes formes de modération (a priori, a posteriori ?) ou d’animation.
Je tâcherai un jour ou l’autre de faire un sujet sur le “community management” ce métier souterrain et invisible pour les internautes, qui prend de plus en plus d’importance. un peu comme pour les journaux ou la télé, il me semble utile d’aller parfois regarder derrière le rideau, derrière l’écran en l’occurrence, pour mieux comprendre à quelle sauce nous sommes cuisinés, sans, bien souvent, nous en rendre compte.
Nouvelle preuve de l’importance accordée aux commentaires sur les sites d’information : Libération licencie des journalistes et embauche des animateurs de communauté : http://www.liberation.fr/medias/2013/12/19/les-commentaires-sur-liberationfr-vont-changer_967561
Oui, il doit s’agir d’un Pyrame de je ne sais plus qui. Je confirme que c’est audible, mais pas de première nécessité. De manière plus générale Le supermarché baroqueux à son revers: toutes les œuvres exhumées ne sont pas géniales. C’est vrai d’ailleurs d’autres époques -exhumation de ce navet qu’est le Fiesque de Lalo- Mais peu ont le courage de le dire. “Chef d’œuvre méconnu” est plus vendeur que “rutabaga musical!” Et expose moins le critique prudent aux représailles.
Bien à vous.
MCourt
Non, on n’a pas chassé les hérons, mais l’architecture du blog est ainsi faite qu’ils sont descendus d’un étage après la publication du dernier billet. Je n’ai par ailleurs rien effacé des conversations piquantes précédentes, et ai replacé les commentaires dans l’ordre chronologique (rappelons que la fenêtre conversation sur la col de droite permet de prendre connaissance des derniers com. qui ne se rapportent pas nécessairement au dernier billet, la preuve). Bonne après-midi, il faut que je bosse.
L’exemple de Daniel Cuiller, dont j’ai au moins un opéra baroque un peu ennuyeux, montre en effet un travail sérieux, exempt des défauts signalés, tout comme les travaux autour de Niquet.
Précisons quand meme que la nécessité de connaitre un répertoire m’impose en toute rigueur d’acheter, quand je ne les vois pas, les œuvres ressuscitées, et que pour un Atys correctement rendu, j’entends beaucoup de massacres.,ou d’œuvres rendues ennuyeuses. Je sais donc souvent de quoi je parle pour avoir souffert en l’entendant….
Bien à vous.
MCourt
PS
On a chassé les hérons?!
Bien sûr qu’on peut donner son avis. C’est juste un essai. Mais je crois que je suis d’accord avec vous. En revanche l’utilisation de la case répondre pour rebondir sur un propos me semble à encourager pour plus de clarté dans les échanges.
Comme on peut le voir ici et ailleurs, les commentaires sont devenus une réelle valeur ajoutée des sites d’information en ligne.
Plutôt que de privilégier les petits conciliabules, les plateformes auraient plutôt tendance à élargir encore l’agora : un même identifiant vous servira à commenter, réagir, vous confronter à d’autres avatars sur d’autres articles.
Comme aucune de ces plateformes n’est encore en situation de monopole, la concurrence s’exerce encore entre Facebook (qui a l’avantage de continuer à faire de la publicité pour le site, mais qui prive l’administrateur du site de la propriété des commentaires), Disqus (The Web’s Community of Communities) et plusieurs autres.
Au milieu de toutes ces petites piques, j’ai bien aimé le commentaire sur la bienveillance. J’ai plutôt l’impression qu’elle revient à la mode après ces années où la chasse au politiquement correct était devenue le faux nez du manque de courtoisie.
on peut donner son avis? en effet, on ne peut pas suivre aussi bien la conversation, et même pas bien du tout. En comparaison du léger inconvénient qui consiste à dérouler le tout (qui ne s’élève jamais à des chiffres astronomiques)!
Opter pour la conversation “suivie” plutôt que pour l’immédiateté de la dernière réaction…
Pendant que nous sommes dans les réglages, tentons une modification de l’architecture, en inversant l’ordre de parution des commentaires. Une tendance qui se généralise. La conversation est plus difficile à suivre, mais ce mode de lecture n’oblige pas à descendre l’ascenceur à chaque fois. C’est un simple réglage qui peut être modifié en un clic.
Bonjour, je suis mister postman. Prenant pitié de ce pauvre Philippe , qui doit gérer en même temps trois messageries (la conversation sur ce blog, les réactions dont il a connaissance sur les réseaux sociaux, et sa messagerie privée, qui a beaucoup chauffé ces derniers temps), j’ai décidé de lui donner un coup de main, en publiant, ici lorsque cela semblera bénéfique à la conversation, les morceaux choisis des réactions qui lui parviennent par ailleurs, en respectant l’anonymat des contributeurs, qui n’ont pas choisi de s’exprimer ici. Pour commencer, cette réflexion, un peu pessimiste, mais argumentée, d’un visiteur qui fréquente les lieux sans s’exprimer :
je dois avouer avoir ressenti une pointe de satisfaction à la lecture des arguments employés dans cette petite dispute virtuelle. Il me semble qu’aucune relation de cet ordre ne permettra jamais une entente franche et complète. Que les gens se retranchent derrière des positions qui deviennent parfois caricaturales à ne pas pouvoir échanger autrement que par des mots et à, surtout, ne pas partager la même temporalité. L’opinion évolue avec le temps. La pensée se transforme et l’interprétation d’un mot, d’une proposition, change en fonction de ce qui nous entoure, nous envahit parfois. Ce que l’interlocuteur virtuel, absent au lieu et au moment, ne peut naturellement saisir. Tu m’objecteras peut-être que la situation n’est pas très différente d’une relation épistolaire mais je n’y souscris pas : les commentaires, sur un blog ou un site quelconque, se veulent horizontaux, partage collectif, conversation de salon. Or les salons fonctionnaient comme lieux de rencontre justement parce qu’ils offraient la possibilité à ceux qui le souhaitaient de se réunir en un même lieu au même moment. Que les échanges alors soient globaux ou se singularisent par instants, ils s’enrichissent de l’apport concomitant de chaque pensée exprimée mais aussi de toutes les réactions, même si elles passent par des attitudes, des regards, et ne se disent pas. Ça ne signifie pas qu’il faut arrêter l’expérience pour autant. Ces commentaires développent la lecture et ouvrent des horizons de tous ordres. Mais je ne crois pas qu’ils parviennent jamais à créer le partage et les véritables rencontres que tu espères.”
Vos arguments s’entendent M.Court. Mais vous ne pouvez pas disconvenir que le travail de recherche conduit par les baroqueux a permis de mettre en lumière bon nombre de partitions oubliées ou enfouies. Je pense notamment au travail effectué à Nantes par Daniel Cuiller, de l’ensemble Stradivaria, que j’avais évoqué ici http://www.lepoint.fr/actualites-region/2007-01-17/stradivaria-ressuscite-l-opera-baroque/1556/0/15221 (Stradivaria qui sera en concert le 22 décembre à la Cité des congrès comme l’indique la réclame sur la col de droite). Je pense aussi au “Déluge universel” de Falvetti, une splendeur, ressucité par Leonardo Garcia Alarcon. http://www.dailymotion.com/video/xm4bta_le-deluge-universel-de-falvetti_music.
Ah moi j’aime :
– Sainte-Colombe
– Marin Marais (par ex la sonnerie de Sainte-Geneviève du Mont).
– Bach (ne faites pas écouter à MR Court ce qu’en tiré Walter/Wendy Carlos au synthé)
– Monteverdi (un des derniers plaisirs de mon père sur son lit de mort)
– Haendel*.
Etc. Comparer Truc avec Muche et décider que l’un est supérieur/inférieur à l’autre ne m’intéresse pas. J’écoute la musique avec mes oreilles et mon cœur, pas avec un pied à coulisse.
* http://www.dailymotion.com/video/x35sb1_voglio-tempo-dessay-haendel_music
Non, Philippe
Ce que je veux dire c’est qu’un petit Maitre reste un petit Maitre. On aura beau faire, ni Sainte Colombe, ni Marais ne passent la rampe et ne pèsent dans l’histoire de la Musique occidentale. Autre problème: Autant je puis comprendre la légitimité de cette démarche historiciste sur un Monteverdi, un Lully quand c’est bien fait, ou autre, autant le cancer de l’historicité musicale me semble ravageur. Les musicastres nous ont fait perdre de vue que le répertoire est fait pour etre transmis neuf fois sur dix sur les instruments dont nous disposons, disons de Vincent D’Indy à JF Paillard. A y regarder de près, les Rameau les plus convaincants sont précisément les moins baroquisés; Nais, avec Mac Gegan, Les Indes version Paillard, la Danse des Fetes d’Hébé avec un orchestre digne de ce nom chez Gardiner., Les Boréades par le meme, Hippolyte avec Baker et Lewis, j’en passe probablement dont le Dardanus de Leppard. Lully est moins bien servi: l’introuvable Alceste de Malgloire-sur instruments modernes!- Atys, et le lamentable Hereweghe enlaidissant Armide malgré Yakar. Je passe ur tout ce qui est sorti depuis, et que j’ai.Trop souvent la lettre y tue l’esprit. C’est aussi l’un des sens de ce combat contre les baroqueux: ce sont des littéralistes enragés, et je préfère e beaucoup l’esprit à la lettre. Car enfin, se substituer au compositeur dans le sens d’une grande pauvreté de moyens, c’est laid et bete. Comme disait un interprète français dont le nom m’échappe: “Si j’ai bien compris, il nous faut jouer les sonates de Beethoven sur le piano de sa chambre!” On est très souvent dans ce misérabilisme là.
Quant aux motets de la Chapelle Royale, dont toute édition était truquée pour qu’on ne puisse pas les exécuter ailleurs, le moins qu’on puisse dire est que le littéralisme observé, dont seul un Niquet a su s’affranchir, leur a fait beaucoup de mal….
Mon intérêt pour la musique allant d’Hildegarde de Bingen à nos jours, je ne crois pas privilégier une époque aux dépens d’une autre. Mais j’ai en horreur la promotion des petits maitres, les compositeurs comme les exécutants.
Bien à vous.
MCourt
Là M.Court, vous êtes pris en flagrant délit. On ne compare pas deux époques à l’aune des découvertes ou des progrès de la suivante. Sinon la première est toujours perdante. Ce serait dire que Voltaire est plus pertinent que Montaigne parce que sa langue est plus élaborée. Ca n’a pas de sens.
Je suis, par exemple, un inconditionnel de Monteverdi, et plutôt amateur de musique médiévale (outre JJ Cale naturellement) . Allez nous irons, dans la modernité jusqu’à Rameau Francoeur ou Scarlatti.
Je n’ai pas pour autant, de mépris pour les fans de Beethov ou de Schubert. C’est un univers que je ne connais pas et qui, pour l’heure, ne me parle pas (encore que Schubert). On peut certes se montrer agacé par le revival du baroque. Mais c’est une période qui a longtemps été écrasée par l’hégémonie du piano. A ce propos, j’imagine que certains d’entre vous sont tombés sur cet instrument étonnant conçu par Léonard de Vinci et que l’on découvre aujourd’hui. http://www.youtube.com/watch?v=S3qht5adEiw
C’était la petite musique du soir. Bonsoir.
Pour moi cela relève de la paléontologie musicale la plus brontosaurienne, mais qu’y faire? nous sommes en un age ou la régression harmonique et instrumentale ne choque plus personne, ou la viole de gambe est préférée au violoncelle, et Marais ou Sainte Colombe à Brahms ou à Bach…
A l’ opposé, un Leclair, fondateur de l’école de violon française, demeure bien méconnu…Cherchez l’erreur!
MC
Ah moi j’aime beaucoup Jordi Savall.
http://www.youtube.com/watch?v=r3onO9ZG7io&list=PLB9FA83B3A4D664CA&index=1
Et les gens courtois.
Cher Philippe
Ce n’est pas moi qui ait mis la conversation sur la musiquette Savallienne, c’est la timide Eléna
Ce n’est pas moi qui tient des fiches sur ce que les uns ou les autres disent, c’est la meme.
Ce n’est pas cette douce personne qui pratique l’oubli, et sa mémoire est sélective, On répond courtoisement chez Paul Edel il y a peu, on vide son sac de rancunes chez vous . Comprenne qui pourra!
Le collectif La Barbe, qui s’auto-ridiculise à chaque rentrée musicale et prétend imposer un quota qui serait antinomique de tout génie est un fruit direct de ce que Pierre Cormary appelait “la Théorie monstrueuse du Genre”. A ce titre, ce prosélytisme imbécile, hors de saison sur un blog littéraire, devait etre combattu.
Aucun regret. Je renvoie à une personne qui porte mon nom, dont les débuts furent difficiles, et qui eut le courage de dire à un journal “Je ne suis pas une espèce protégée”. Utiliser l’argument de la discrimination pour supposer d’hypothétiques génies nécessairement méconnus m’a toujours semblé un noyautage destiné à faire fi de la sélection naturelle. un Karajan en jupons? N’en déplaise à Ivan.A. Alexandre, digne et récent héraut de ces “dames”, ça se saurait!
Croyez que je préfèrerais de beaucoup parler de Machiavel, d’Anne de Bretagne, de Féval, et de bien d’autres. Mais si l’on me cherche, on me trouve.
Vous effacerez ce que bon vous semble, dans les deux camps.
Bien à vous.
MCourt
oui Monsieur Dossal, internet conserve la trace de tous les écrits, seuls nous, sommes encore capables d’effacer, la bienveillance tient en partie à cette capacité d’effacer. Non pas effacer en nous, ce qui nous a marqué, mais effacer dans la relation à l’autre.
ce matin j’écoutais les matins sur FC, ils parlaient justement de cette montée de “ras le bonnet” qui pourra tourner en montée de violence.
sur internet nos corps sont absents, nous ne voyons pas les réactions, les visages, les yeux de nos interlocuteurs, comme dit Levinas c’est le visage le l’autre qui parle (de ses maux) autant que ses mots.
Sans visages il ne reste que les esprits, en première ligne, c’est eux qui encaissent tous les chocs.
Les livres c’est comme les échecs (le jeu avec un Roi une Dame et un Fou et un tas de pions) : nous ne supportons pas de perdre, de nous sentir menacés. Dire à une personne qu’on n’a pas aimé un livre qu’il a adoré c’est remettre en cause plus que on jugement, c’est le remettre en cause lui-même, dans ce qu’il a de plus profond, alors qu’il s’agit de disputes pour des queues de cerises.
bonne journée.
Non , Puck, nous n’entrons pas dans un monde de l’intransigeance. Du moins je ne le crois pas. Il me semble plus simplement que nous ne maîtrisons pas les codes d’une nouvelle façon d’échanger. Nous sommes un peu les hommes préhistoriques du web qui ne connaissons pas d’autre langue que la matraque. Mais ce qui est assez amusant à constater, c’est que tout le monde est même niveau. Du commentateur analphabète qui s’exprime sur le site du Parisien à l’érudit le plus lettré qui poste chez Assouline. L’absence de savoir-vivre, de respect du voisin est comparable, comme si les affects prenaient le pas sur l’élégance la plus élémentaire.
Je suis content qu’Elena se soit défendue. J’ai eu peur qu’elle ne brise. Je suis embêté pour M.Court, dont j’admire la culture et l’érudition, mais qui se laisse emporter par sa plume et qui n’a pas compris la générosité désintéressée d’Elena. Je suis désespéré pour Pascale, qui s’est trouvée prise en deux feux.
Sans doute la solution sera-t-elle d’effacer cette conversation à partir du moment où elle a dérapé. Internet a ceci de cruel qu’il conserve tout. Mais en qualité de dieu de ce blog, je peux choisir d’opter pour l’oubli. On ne peut pas vivre sans oubli disait je ne sais plus qui.
On verra. Demain, vendredi, je ne suis pas là. Grosse journée. Je laisse les clefs sur la porte, mais n’en profitez pas pour mettre le feu à l’atelier. Merci à tous.
bonsoir Monsieur Dossal,
bel article, qui vous ressemble bien.
j’ai connu l’univers des blogs en allant sur celui d’Assouline, à ses débuts, déjà huit ans (?!?).
ensuite j’ai fait un blog, sur lequel mes visiteurs (bien plus compétents que moi dans les domaines dont je voulais parler) me faisaient le beau cadeau d’écrire mes articles, pour ma part j’envoyais des commentaires pour les remercier de leur participation. Cette époque incarne pour moi le top de ce que j’ai connu sur les blogs.
Après ça j’ai vu les relations se dégrader, les avis se radicaliser, les caractères devenir plus brutaux et intransigeants.
C’est très dommage car c’est le lieu d’échanges par excellence, j’ai énormément appris mais faut dire que je partais de très bas.
Si je dis que cet article vous ressemble Monsieur Dossal c’est qu’il me semble que vous avez en vous une disposition naturelle à la bienveillance.
Avez-vous lu le livre de Kenneth Grahame, “le vent dans les saules” ? certains pensent que c’est une histoire pour enfants, un conte, on y croise Monsieur Rat, Monsieur Blaireau, et d’autres personnages hauts en couleurs.
Grahame avait connu une enfance solitaire, pour échapper aux scènes de violence entre ses parents, il allait se cacher au fond du jardin. Ce livre il a écrit pour son fils. quand j’entends la phrase “quel monde voulons-nous laisser à nos enfants” la première idée qui me vient à l’esprit est ce livre. Comme le dit A. Manguel dans la preface de la dernière édition : “heureux ceux qui ouvrent ce livre pour la première fois”.
Je sais que c’est une phrase qu’on sort assez souvent au sujet de plein de bouquins mais cette phrase prend du sens pour certains livres, comme par exemple don Quichotte.
Je sais que notre monde est en train de se durcir, s’assombrir, du fait d’erreurs de nos politiques, de nos administrateurs, de nos intellectuels…, sans doute avons-nous été trop loin dans l’exigence de tolérance, d’amour du prochain, dans l’injonction de s’ouvrir à l’autre et à l’ailleurs, sans doute avons-nous eu la faiblesse d’accepter certains discours “humanistes” tarte à la crème, de laisser à la pensée de gauche le monopole du monde de la culture et des médias, de creuser un fossé entre un réel et ses discours sensés le représenter.
résultats des courses et retour de bâtons allons-nous entrer dans un monde sans bienveillance ? sans indulgence ? comme dans les périodes les plus sombres de l’histoire, où la première phrase mal exprimée (même si elle se voit regrettée et excusée) sera cause de toutes les brutalités ?
un monde sans bienveillance, nous serons tous incapables de dire ” je vous excuse”, “ne vous en faites”, “je vous comprends”, “je me mets à votre place”, “je vous en prie”… c’en sera fini avec ces façons de s’exprimer.
Montaigne et Camus ? les figures que nous aimons encore brnadir pour montrer combien nous sommes restés des êtres civilisés et capables de pardonner ?
le mieux serait de les mettre dans un placard, le temps de laisser passer l’orage, pour le moment ils ne serviront plus à rien, car nous n’avons plus envie de pardonner, de tolérer les faiblesses de l’autre…
Mandela était un être hors du commun, un cas sur cent milliards d’individus, nous ne sommes pas des Mandela : ceux ont souffert n’ont pas envie de pardonner, il n’accorde pas d’autres chances, ils ne connaissent plus qu’un seul mot : l’intransigeance.
et voilà, nous entrons dans une nouvelle ère de l’intransigeance.
c’est pas vraiment du Montaigne, on peut pas dire.
et les blogs dans tout ça ?
sans un minimum de bienveillance aucune relation n’est possible, en tout une relation de type civilisée, après se mettre des pains dans la gueule c’est aussi une forme de relation possible.
ils ne restera que les plus forts, je ne sais si vous êtes costaud Philippe Dossal ?
En recherchant ma réponse, j’ai retrouvé à la même période qq échanges sur les féministes entre Cécile et M. Court, les 22-23 novembre. On ne va pas tout ressortir, mais les considérations sur le physique ou la ménopause … (j’avais aussi posté une réaction pas spécialement stridente).
Il faut ajouter les tirs au bazooka des uns et des autres (dans des styles différents Michel Alba et JC) , la difficulté à “en placer une” quand Ramiel était là — mais bon, puisqu’à vous entendre dans ce groupe c’est moi la pelée, la galeuse d’où vient tout le mal …
Que mes interventions n’apportent pas grand chose c’est aussi ma conclusion (aucune ironie), et c’est bien pour cela que je préfère me retirer.
Expression peu claire : d’accord, 1) à cause de la réaction de Pascale 2) une preuve supplémentaire en est que vous confondez ma timidité avec de l’immodestie.
Je reprendrai le mot de Philippe, la violence verbale, une certaine jubilation dans le trait méchant me tétanisent.
Mort de Montserrat Figueras. Hélas, il nous reste encore le mari, Jordi Savall, son école, ses instruments ,ses fausses notes d’époque, et ses musicastres….A dissoudre, avec une fournée de Baroqueux, dans de la chaux vive!
Bien à vous
MCourt
Rédigé par : court | le 25 novembre 2011 à 20:35 | |
Ah, tiens, nous en sommes arrivés à « J’irai cracher sur vos tombes »
Je serai au moins d’accord avec vous sur un point, MC, certains soutiens n’honorent pas les causes qu’ils défendent.
Rédigé par : Elena | le 26 novembre 2011 à 01:44 | |
Décidément. Je vous souhaite M. Court que certaine Isabelle ne tombe pas sur votre dernier com. Elle pourrait vous demander raison de ce chapon sur le pré.
Plus sérieusement, il est possible que la question du maintien des commentaires se pose plus tôt que prévu. Est-il possible de les conserver sans modèration? Et à quoi rimerait une modération ici ? Vous ne me simplifiez pas la vie.
PS
Evidemment, j ‘ai peut etre tort. Plutôt que de placer la grandeur musicale au Siècle de Louis XIV, la nouvelle école, qui fait chanter Fauré par ce Chapon chatré qui s’appelle Jarrousky, préfererait peut etre, qui sait, une version Grand siècle des Poonaises de Chopin….
Madame, fors les références italiennes que vous m’avez données, je n’ai pas le souvenir que vous soyez intervenu quand il aurait fallu, c’est à dire lorsque ces propos ont été tenus. Il est vrai que jouer les donneuses de leçon à retardement et quand on ne vous le demande pas permet surtout d’admirer la persistance de votre rancune. C’est Mule du Pape, plus qu’Elena, qui serait le pseudo idéal !
Et puis ces propos labyrinthiques dont on ne sait s’ils doivent etre lus comme un compliment ou une attaque, mais dont on a pu voir à leur réception page précédente que quand on les croit méchants ,il faut lire qu’ils sont bons, témoignent de je ne sais quel style louche et ambidextre dont Barbey et la malheureuse Pascale ont fait les frais. Cette “réussite” dans l’expression devrait inciter à plus de modestie….
Le” rastaquouère musical” étant allergique à toute forme de grandeur, et prospérant sur le tas de petits-maitres enregistrés par sa firme de disques, si mal nommée, je maintiens le mot. S’il ne vous parait pas sentir bon, il l’est assez pour un musicien que justement je ne puis sentir…
MCourt
Que FB soit un bon outil pour ceux qui savent s’en servir et se protéger, je n’en disconviens pas.
C’est juste que son objectif à lui, qu’il cache soigneusement, n’est pas celui-là.
Et plusieurs affaires récentes montrent les ravages que peut faire ce golem quand, par jeunesse ou inexpérience, on s’y laisse prendre sans protection.
J’ajoute que j’ai assez (non trop, je n’arrive pas à les voir tous) d’amis dans la vie réelle et bloguesque pour avoir besoin de me fesser le bouc.
Pour Assouline, cela reste une énigme : à quoi bon obtenir du clic si le résultat fait que nombre de lecteurs, j’imagine, zappent ces torrents de sottises.
Vous déplorez (et j’opine) que les mœurs internautiques n’ont pas assez la peau lisse (merci Béru). J’ajouterais la déploration qu’on y voit trop de gens sachant manier le miel et la glu. Ou, pour rester dans la métaphore animale/végétale, la rhubarbe et le séné. Certain blogue de ma connaissance ressemble parfois au salon de Philaminte…
PMB
Sur fb, qui demande une phase d’apprentissage pour composer un réseau à sa main et effectuer les bons réglages : il y a beaucoup d’éditeurs, de libraires, d’auteurs, d’étudiants, de lecteurs, de journalistes… Ce peut être un outil d’exploration, de recommandation, précieux, pour peu que vos “amis” aient la même vision du partage que la vôtre.
Sur la rdl. Je soupçonne Pierre Assouline de laisser cette basse-cour s’ébattre sans retenue pour des raisons quantitatives. Le trafic généré sur son blog est devenu lucratif. C’est une façon de voir les choses.
L’un de mes étudiants est en train de faire un travail sur les blogs de mode. Il montre que certaines bloggeuses sont rémunérées par les fabricants et reçoivent gratuitement leurs nouveaux produits pour en faire la promotion. De la pub déguisée en quelque sorte. Ici, ce n’est pas le cas. Dieu m’en garde.
Elena
Plongé dans Georges Picard. Pour le coup, une précieuse recommandation. Je comprends votre émotion suite aux précédents échanges. Souhaitons que cet épisode n’aboutisse à l’auto-exclusion de personne, et surtout pas de la vôtre. Je vais essayer de maintenir la philosophie d’échanges “civils et déliés” que j’appelle de mes voeux. Tout le monde est ici assez intelligent pour le comprendre. Si cela s’avère impossible j’aviserai au terme de la première année (ce blog a ouvert en mars).
Mais je trouve que les commentaires enrichissent le contenu, même si la formule est un peu trop rigide, trop “verticale” à mon goût.
Pour information ce blog a reçu ces 30 derniers jours 1225 visites, pour 2473 pages vues et 489 visiteurs uniques. La durée moyenne de la visite est de 4.56 minutes. Les commentaires sont donc, en règle générale, lus, et participent de la vie du lieu. Je le redis, il me semble que nous vivons actuellement la préhistoire d’un nouvel outil de communication et de partage. Mais les moeurs doivent encore se policer. J’essaie, ici, de participer à cet apprentissage.
Bonne journée à tous.
bonsoir Philippe,
j’ai essayé de faire passer le message qu’entre la manière des pamphlétaires (où tous les coups sont permis, où il s’agit de démolir celui qui ne pense pas comme vous, que l’on a d’abord caricaturé à cet effet) et celle qui permet un échange de vues, une conversation agréable et fructueuse, il y a incompatibilité.
Quand votre interlocuteur prétend vous connaître mieux que vous-même (mon entourage serait plutôt surpris de me voir dans le rôle d’une admiratrice de Chéreau et d’un suppôt de la subversion subventionnée, mais ils ont sans doute eux aussi tout à apprendre de notre Fouquier-Tinville redivivus), à quoi bon engager une discussion ?
J’ai moi-même l’esprit de contradiction et une méfiance certaine pour l’unanimité.
Mais j’estime qu’il faut respecter certains interdits et que cela n’a rien à voir avec le “politiquement correct” : se réjouir de ou souhaiter explicitement la mort de qqn, non, parce que c’est le rejeter hors de l’humanité.
Quand on est aussi sûr de soi et de son jugement critique infaillible, on ne devrait pas avoir besoin d’attaques ad hominem, les unes mesquines mais pas bien graves (la déformation des noms propres), les autres passablement inquiétantes (“rastaquouère” même suivi du qualificatif “musical”, même en s’abritant derrière un usage spécifique à l’origine, cela ne sent pas très bon).
Bref, il n’y a pas que les structures qui manquent de souplesse : je reconnais que je ne suis pas adaptée à ce genre de guérilla.
L’analyse coûts/bénéfices est vite faite, et je précise qu’elle ne concerne pas que moi mais l’intérêt des échanges sur ce blog (côté livres anciens et érudition, je ne fais pas le poids).
Je ne regrette qu’une chose, vous avoir causé inutilement, à Pascale et à vous, ces désagréments.
Je continuerai bien sûr vous lire.
Bonnes fêtes à tous.
(Bien, après un copié-collé de votre délavage sur Word, je peux commenter !)
// Ces réseaux ont toutefois une grande vertu, celle de diffuser l’information par capillarité et d’embrasser toute une communauté en quelques clics. //
C’est bien leur seul intérêt. Mon expérience de FB s’est limitée à parcourir quelques dizaines de comptes pour n’y trouver que de la banalité et des informations de caractère privé qui ne me regardaient pas. Et j’ai quitté ce réseau le jour où FB s’est permis de me rappeler que j’avais à souhaiter l’anniversaire de ma sœur !
// La puissance de feu de l’écrit, qui n’est pas pondérée par la présence physique (le langage « non verbal »), les différences de sensibilité, l’illusoire protection de l’anonymat, peuvent provoquer des frottements douloureux. Comme c’est, par exemple le cas sur la République des livres de Pierre Assouline.//
Sa nef des fous, c’est entièrement de sa faute. Des egos surmenés, des vrais dingues, des faux libertaires comme le JC, des qui parlent dans le vide, des qui n’écoutent personne, des lèche-bottes comme… non, stop. 99 % des commentaires n’ont aucun rapport avec l’article. Il n’a qu’à obliger les gens à s’inscrire avec un seul pseudo et un mot de passe. Perso, je n’y poste plus, si j’ai un commentaire à faire je l’envoie directement à PA, un homme fort courtois.
Eva me fait mentir. On peut échapper à la chronologie, notamment sur cette plate-forme, en répondant à un commentaire précis, même si cela reste vertical. Judicieuse réflexion également sur le problème que posent les échanges en ligne sans être confronté à la personne à laquelle on s’adresse.
Cela produit parfois une violence étonnante (il suffit de consulter les sites des journaux, ou celui de la Rdl donné en lien, un cas d’école). Ajoutons que la tendance à adopter des points de vue radicaux ne participe pas à la décontraction des échanges. Comme si ce nouvel espace de liberté (souvent protégé par des pseudos) donnait tous les droits, et en premier lieu celui de s’asseoir sur l’avis du voisin, voire à l’insulter. Contraignant la plupart des sites à avoir recours à des modérateurs. On ne peut s’empêcher de penser que nous vivons l’enfance d’un nouveau moyen de communication, qui a tout de même la vertu de réhabiliter l’écrit.