Effectivement la salle de bains n’est pas l’endroit idéal pour abriter une bibliothèque, Pascale, pour d’évidentes raisons d’humidité. J’aime en revanche les maisons où il y a une bibliothèque dans les toilettes, aussi réduite soit-elle. En général c’est plutôt le refuge des revues et des magazines, mais certains poussent le luxe jusqu’à composer une offre plus élaborée. C’est mon cas. J’y glisse notamment des miscellanées, qu’ont peut picorer et qui font la joie des enfants. Et puis quelques ouvrages inattendus, comme les propos d’Alain, les poèmes de Villon, ou d’autres, plus attendus comme le succès du moment “l’art de péter” de Hurteau : “essai théori-physique et méthodique à l’usage des personnes constipées, des personnes graves et austères, des dames mélancoliques et de tous ceux qui restent esclaves du préjugé.”
Quant aux habitudes de lectures, elles sont, pour ma part, simples : toujours un livre à portée de main, pour ne jamais être pris au dépourvu.
Pascale
Et plus sérieusement, que savons-nous des habitudes de lecture de nos grands auteurs? Peu de choses je le crois bien, ou peu de choses connues. Nietzsche lisait beaucoup en marchant. Ou marchait en lisant beaucoup. On aimerait savoir quand, où, comment, tous ceux qu’à notre tour nous lisons, ils lisaient eux-aussi?
Sans parler de la lecture silencieuse, plutôt récente dans l’histoire de l’humanité lisante et lectrice, qui a quasi totalement fait disparaître la lecture prononcée, chuchotée, à voix basse, mais pro-non-cée, tellement plus efficace! et qui me fait venir la remarque paradoxale suivante, en y pensant bien : la lecture silencieuse s’est imposée dans un monde devenu de plus en plus bruyant, et fonctionne même comme un refuge et un rempart, à tel point qu’un bon lecteur peut s’exclure du monde sonore, sans avoir besoin de s’absenter physiquement. La lecture à haute voix (ce qui ne veut pas dire à voix haute) celle des moines au Moyen-Age par exemple, requiert quasi impérativement un silence de haute qualité comme préalable. L’une est centripète, l’autre centrifuge, ce qui est sûr c’est que le lecteur et son texte en sont toujours le centre.
Bon, des livres et des films sur le feu…
(vu des chefs d’oeuvre absolus : Le Ruban blanc ; Les Fraises Sauvages ; L’Enfance d’Ivan. Chacun rendra son réalisateur, pbs d’orthographe dans ces patronymes étrangers)
Pascale
C’est drôle, mais visiblement pas pratique! sans compter le taux d’hygrométrie défavorable au papier (je ne parle que de celui des livres, of course). Ce qui relance le grand et sérieux débat de savoir s’il y a des lieux, des moments plus propices que d’autres à la lecture. Des postures, voire des positions, des pièces réservées ou non, des sièges indispensables ou pas. Lit-on assis, debout, couché, accoudé à un bureau, une table, les doigts de pieds en éventail ou dans une bassine d’eau à température variable selon la saison. En pleine lumière, ou sous le faisceau délicat d’une bougie, d’une petite lampe, près de la fenêtre. En terrasse, sur un banc public, dans les transports en commun, lit-on les mêmes choses que chez soi? un polar, un classique, un essai, du théâtre, de la poésie. Sommes-nous de ceux que l’absence de livres (entrant dans un lieu non familier par exemple) trouble, panique, inquiète, voire angoisse ou indiffère? de ceux qui ont toujours un livre dans la poche ou dans le sac, on ne sait jamais, et si je devais patienter même un quart d’heure (un rdv qui tarde, un embouteillage, un avion qui n’arrive ou ne décolle pas à l’heure) comment ferais-je? Nous surprenons-nous à ne jamais avoir les yeux en repos pourvu quelque chose qui s’apparente à un texte, des lignes, des phrases, une formule, les frappe(nt)?
Merci de cette photo rigolote, Philippe, qui alerte sur nos vices impunis, nos tics et nos tocs, nos obsessionnelles attitudes, nos paniques, nos relations au temps et à l’espace, notre capacité d’enfermement et autres menotages par 27 petites lettres combinées à l’infini et à tous les possibles!
Et de manière beaucoup plus réaliste : qui a déjà pu se… plonger longuement et simultanément dans sa lecture et dans sa baignoire sans les inconvénients de l’eau et de la mousse qui s’invitent, surtout au délicat moment du tournage de page, sans les glissades possibles qui vous obligent à des postures totalement inconfortables pour y remédier préventivement, sans le refroidissement inéluctable du bouillon de 11heures que vous avez si justement dosé pour votre confort, que celui ou celle-ci se fasse connaître et s’explique!
Pas de questions directes sur l’autre accessoire de la photo, objet de tous nos soulagements… Deux écoles non? jamais un livre dans ce cas…. jamais sans mon livre dans l’autre cas, ce qui fait le monde des lecteurs coupé en deux!
Désolée, Philippe, d’avoir pris cette photo pour une occasion de se lâcher un peu… ça rafraichit en effet.
Effectivement la salle de bains n’est pas l’endroit idéal pour abriter une bibliothèque, Pascale, pour d’évidentes raisons d’humidité. J’aime en revanche les maisons où il y a une bibliothèque dans les toilettes, aussi réduite soit-elle. En général c’est plutôt le refuge des revues et des magazines, mais certains poussent le luxe jusqu’à composer une offre plus élaborée. C’est mon cas. J’y glisse notamment des miscellanées, qu’ont peut picorer et qui font la joie des enfants. Et puis quelques ouvrages inattendus, comme les propos d’Alain, les poèmes de Villon, ou d’autres, plus attendus comme le succès du moment “l’art de péter” de Hurteau : “essai théori-physique et méthodique à l’usage des personnes constipées, des personnes graves et austères, des dames mélancoliques et de tous ceux qui restent esclaves du préjugé.”
Quant aux habitudes de lectures, elles sont, pour ma part, simples : toujours un livre à portée de main, pour ne jamais être pris au dépourvu.
Et plus sérieusement, que savons-nous des habitudes de lecture de nos grands auteurs? Peu de choses je le crois bien, ou peu de choses connues. Nietzsche lisait beaucoup en marchant. Ou marchait en lisant beaucoup. On aimerait savoir quand, où, comment, tous ceux qu’à notre tour nous lisons, ils lisaient eux-aussi?
Sans parler de la lecture silencieuse, plutôt récente dans l’histoire de l’humanité lisante et lectrice, qui a quasi totalement fait disparaître la lecture prononcée, chuchotée, à voix basse, mais pro-non-cée, tellement plus efficace! et qui me fait venir la remarque paradoxale suivante, en y pensant bien : la lecture silencieuse s’est imposée dans un monde devenu de plus en plus bruyant, et fonctionne même comme un refuge et un rempart, à tel point qu’un bon lecteur peut s’exclure du monde sonore, sans avoir besoin de s’absenter physiquement. La lecture à haute voix (ce qui ne veut pas dire à voix haute) celle des moines au Moyen-Age par exemple, requiert quasi impérativement un silence de haute qualité comme préalable. L’une est centripète, l’autre centrifuge, ce qui est sûr c’est que le lecteur et son texte en sont toujours le centre.
Bon, des livres et des films sur le feu…
(vu des chefs d’oeuvre absolus : Le Ruban blanc ; Les Fraises Sauvages ; L’Enfance d’Ivan. Chacun rendra son réalisateur, pbs d’orthographe dans ces patronymes étrangers)
C’est drôle, mais visiblement pas pratique! sans compter le taux d’hygrométrie défavorable au papier (je ne parle que de celui des livres, of course). Ce qui relance le grand et sérieux débat de savoir s’il y a des lieux, des moments plus propices que d’autres à la lecture. Des postures, voire des positions, des pièces réservées ou non, des sièges indispensables ou pas. Lit-on assis, debout, couché, accoudé à un bureau, une table, les doigts de pieds en éventail ou dans une bassine d’eau à température variable selon la saison. En pleine lumière, ou sous le faisceau délicat d’une bougie, d’une petite lampe, près de la fenêtre. En terrasse, sur un banc public, dans les transports en commun, lit-on les mêmes choses que chez soi? un polar, un classique, un essai, du théâtre, de la poésie. Sommes-nous de ceux que l’absence de livres (entrant dans un lieu non familier par exemple) trouble, panique, inquiète, voire angoisse ou indiffère? de ceux qui ont toujours un livre dans la poche ou dans le sac, on ne sait jamais, et si je devais patienter même un quart d’heure (un rdv qui tarde, un embouteillage, un avion qui n’arrive ou ne décolle pas à l’heure) comment ferais-je? Nous surprenons-nous à ne jamais avoir les yeux en repos pourvu quelque chose qui s’apparente à un texte, des lignes, des phrases, une formule, les frappe(nt)?
Merci de cette photo rigolote, Philippe, qui alerte sur nos vices impunis, nos tics et nos tocs, nos obsessionnelles attitudes, nos paniques, nos relations au temps et à l’espace, notre capacité d’enfermement et autres menotages par 27 petites lettres combinées à l’infini et à tous les possibles!
Et de manière beaucoup plus réaliste : qui a déjà pu se… plonger longuement et simultanément dans sa lecture et dans sa baignoire sans les inconvénients de l’eau et de la mousse qui s’invitent, surtout au délicat moment du tournage de page, sans les glissades possibles qui vous obligent à des postures totalement inconfortables pour y remédier préventivement, sans le refroidissement inéluctable du bouillon de 11heures que vous avez si justement dosé pour votre confort, que celui ou celle-ci se fasse connaître et s’explique!
Pas de questions directes sur l’autre accessoire de la photo, objet de tous nos soulagements… Deux écoles non? jamais un livre dans ce cas…. jamais sans mon livre dans l’autre cas, ce qui fait le monde des lecteurs coupé en deux!
Désolée, Philippe, d’avoir pris cette photo pour une occasion de se lâcher un peu… ça rafraichit en effet.