Azali Assoumani président de la république des Comores, a été élu dimanche 18 février président de l’Union Africaine, avec le soutien discret mais efficace de la France. Selon Le Monde le président Comorien avait été reçu cinq fois à l’Elysée les trois dernières semaines précédent l’assemblée générale de l’UA, et le Kenya a opportunément retiré sa candidature avant le scrutin. Cette information exaspère au plus haut point les élus Mahorais (du département de Mayotte) qui ne comprennent pas cette alliance contre-nature à leurs yeux puisque Le Comores revendiquent la possession de Mayotte avec le soutien de l’ONU (Mayotte est issue du démantèlement de l’archipel des Comores qui comptait à l’origine quatre îles, dont Mayotte, et le rattachement de l’île aux parfums à la France, suite à deux référendums d’auto-détermination, n’est pas reconnu par la communauté internationale).
Mais si l’on croise quelques informations, ce cadeau français au président Comorien pourrait s’avérer une subtile monnaie d’échange entre les deux pays pour résoudre provisoirement le problème endémique de Mayotte, confrontée à une immigration stratosphérique de clandestins Comoriens, qui représentent selon certaines sources prés de moitié de la population effective de Mayotte (250 000 habitants officiellement, 450 000 si l’on se fie à la consommation de riz). En premier lieu, la France s’est engagée à injecter quelques centaines de millions d’euros dans l’économie des Comores pour aider le développement de l’archipel, l’un des ensembles les plus pauvres de la planète. Ce qui est une bonne nouvelle. Sans développement régional, l’immigration clandestine ne peut être contenue. Les lumières de Mayotte, son niveau de vie (bien que l’île soit le département le plus pauvre de l’Union européenne) continueront à attirer par milliers des Comoriens sans avenir, sans travail, aux libertés restreintes par un régime islamique autoritaire.
Mais ce n’est pas tout, et là je vais m’exprimer avec quelques réserves, mais il me semble que l’information, que je ne peux pas sourcer, est à prendre en considération pour comprendre ce qui se joue. La France préparerait pour le printemps une grande opération de décasage, visant à éradiquer une partie de l’habitat insalubre qui gangrène la banlieue de Mamoudzou, le chef-lieu. Cette opération, qui nécessite le concours d’importantes forces de l’ordre, ne peut se faire qu’avec l’accord des Comores, puisqu’elle implique le renvoi de milliers de Comoriens dans leurs îles natives. Or, jusqu’à présent les Comores rechignaient à récupérer leurs ressortissants puisqu’ils considèrent qu’ils sont chez eux à Mayotte.
Etrangement, si l’on suit Le Monde, c’est la guerre en Ukraine qui aurait modifié la donne. Le président Comorien s’est en effet rangé dès le début du conflit du côté des occidentaux dans ce conflit, un précieux soutien africain, qui plus est à la présidence de l’Union Africaine. Il s’agirait donc d’un coup de billard à trois bandes, qui permettrait à Mayotte, confrontée à la multiplication de bidonvilles et à la violence de jeunes clandestins en déshérence de respirer un peu et conforterait le rattachement à la métropole. Les Russes semblent voir le coup venir puisque Sergeï Lavrov a récemment réitéré son soutien aux Comores dans leur revendication à la récupération de Mayotte, histoire de troubler un peu plus le jeu. Poutine ne s’était d’ailleurs pas gêné à L’Onu, lors de l’annexion de la Crimée, suite à un référendum d’auto-détermination, de rappeler à la France qu’elle avait la même chose à Mayotte.
Les prochaines semaines nous en diront sans doute un peu plus sur cette salade géopolitique, qui débute par l’accession d’un pays minuscule (moins d’un million d’habitants) à la tête d’une organisation continentale. Il est possible qu’un peu de papier s’imprime sur le sujet au printemps.