Il est des lieux qui ont ce « je ne sais quoi » d’immédiatement attachant. La présence de livres y est, en général, pour beaucoup. Mais pas que. Une librairie, une bibliothèque peuvent être aussi glaciales qu’un supermarché. Un café, un salon de thé, peuvent être plus détestables qu’un fast-food. Le tout nouveau café-librairie « Les Bien-aimés », rue de la Paix à Nantes, est de ces lieux où l’on aimerait pouvoir se réfugier à chaque coin de rue. C’est Cathie Barreau, laquelle sort ces jours-ci un roman chez Buchet-Chastel, qui m’a fait découvrir l’établissement, ouvert en octobre, où nous avons préparé de concert la sortie de l’ouvrage au Lieu Unique.
Le sourire de Géraldine, qui a monté avec Cécile ce projet un peu fou mais diablement bien pensé, n’a pas été la moindre des surprises. Géraldine, qui fut journaliste dans une vie antérieure, est en effet une de mes anciennes étudiantes. Cécile, elle, vient du cinéma. Et le nom de ce café-librairie « Les Bien-aimés » a été donné en référence à un film de Christophe Honoré.
« Les Bien-aimés » outre la référence au film, est en quelque sorte la profession de foi de cet établissement simple et discrètement chaleureux, tout en profondeur et en recoins, où les deux complices proposent uniquement les livres, les films, mais aussi les nourritures terrestres qu’elles aiment. Parce que l’on peut y prendre un café, un thé, mais aussi s’y restaurer. Pas d’office d’éditeurs ici. Pas de pression des diffuseurs, le catalogue de la maison procède d’une « subjectivité assumée » d’un parti pris maison, de bon aloi. J’y ai notamment trouvé les « Leçons sur Tchouang-Tseu » chez Arlea de Jean-François Billeter, que je recommande au passage.
Mais au-delà de la découverte d’un nouveau lieu, où j’aurai plaisir à passer un moment entre deux rendez-vous en ville, les « Bien-aimés » semblent d’entrée offrir quelque chose de plus. Au cours de mes deux premières visites j’y ai en effet croisé, sans l’avoir prémédité un instant, des personnages inattendus. Notamment Benjamin Gauducheau, un jeune journaliste qui a passé plusieurs années en Chine, et qui vient de publier un remarquable portrait d’un journaliste chinois « à l’école de la censure » dans la dernière livraison de la revue XXI.
Benjamin, qui n’est pas inconnu de ce blog, participera prochainement à une causerie sur la Chine à la librairie (le programme est sur le site). Le hasard me dira-t-on. J’ai la faiblesse de ne pas croire totalement au hasard. Mieux, de considérer que, quel que soit l’endroit où l’on vit, au fond de la campagne ou dans quelque obscure ville de province, il est toujours possible de faire des rencontres singulières. La meilleure preuve étant il y a quelques années la rencontre improbable avec Jean Rouaud (qui vient de sortir un nouvel opus) au fond de la brousse de Loire-Inférieure et qui a donné naissance à des rendez-vous littéraires de belle mémoire.
Les « Bien-aimés » font sans nul doute partie de ces lieux où des rencontres précieuses auront lieu. La simplicité la gentillesse et cette espèce de détermination tranquille que l’on sent dans le regard de Cécile et Géraldine en témoignent. Elles devront peut-être juste se garder de la compagnie des quelques fâcheux qui ne manquent pas de se manifester dans les endroits trop ouverts. Mais c’est un moindre mal. L’essentiel pour l’heure est de leur permettre d’atteindre un chiffre d’affaires qui les autorise à mener à bien cette aventure un peu folle mais tellement réjouissante.
Illustration lâchement piquée sur le site de la librairie
Pascale, ce n’était pas vous mais le nouveau lieu de délices que je visais. J’ai souvenir d’un projet analogue ou on n’avait pas prévu l’alliance ravageuse du vin et des livres!
Bien à vous.
MC
non, non, vous n’y êtes pas du tout, M.Court! dans un tel lieu -la construction de ma première phrase est ambiguë- qui sera le contraire même de celui où l’on avale l’espresso d’une seule gorgée- on y reste assis autant de temps que l’on veut puisque les nourritures terrestres et livresques sont succombables ô combien. Donc des sofas, des bergères, des fauteuils, en jardinet 6 à 8 mois de l’année, à l’intérieur pour le reste. Musique classique évidemment, mais ça, les italiens savent faire… Hautement improbable que les livres se liquéfient par des maladresses doublées de goujateries. Bref, un vrai rêve vous dis-je!
Attention au café sur les livres, aux heures de pointe.!
D’une manière générale le livre s’avère hélas fragile face aux liquides…
Je rêve, dans une autre vie, de faire ça à Rome. Les Romains et les Romaines adOOOreraient ce genre de lieu qui n’existe pas chez eux où l’on avale son caffè debout sur une jambe comme un héron, sitôt commandé, sitôt bu, payé d’avance. Et la french touch qui consisterait à leur proposer toutes les déclinaisons possibles de nos desserts et douceurs typiquement hexagonales -genre crème brûlée à la lavande, tarte aux pommes à la cannelle, poires au vin à la cardamome et macarons à la réglisse…. tout cela au milieu de fontaines de livres -place de choix pour les français dont nos cousins transalpins sont très friands- et voilà…
Manquent juste les sous, toutes les idées sont là. Je pense que c’est le ciel plombé, mouillé et froid de cet après-midi d’hiver qui me donne des idées lumineuses et chaleureuses.
Rien que pour ce genre de lieux, je veux revenir à Nantes…. J’aurais tellement besoin d’un petit coin avant ou après le boulot pour me cacher de la pluie et du gris ici ! A respirer les livres et le café chaud.. ah je m’y vois déjà !
Heu… j’avé mal lisu !
Peut-on avoir le lien vers cette caverne d’Ali-Baba ?