L’une des caractéristiques de l’homo clientelus est d’être un animal grégaire. Les grands groupes de commerce en ligne l’ont bien compris en menant, en premier lieu, la guerre du référencement sur les moteurs de recherche.
Il y a bien longtemps qu’Amazon a gagné sa place au sommet du panthéon google. Mais ce groupe est aussi malin dans le livre d’occasion puisque c’est une filiale d’Amazon, Abebooks, qui occupe le haut du pavé dans le commerce du livre ancien. On notera au passage une affection immodérée de ce groupe pour la lettre A. Le référencement est si habilement fait que lorsque vous tapez les deux mots « livre rare », pour retrouver le site des bouquinistes français, baptisé « livre-rare-book », vous tombez, en première occurrence sur… Abebooks.
Si les professionnels ou les amateurs familiers de la recherche de livres ne font plus guère attention à cette hiérarchie googelesque en se dirigeant directement vers le site des bouquinistes, il n’est peut-être pas inutile de rappeler ici qu’il y a une différence fondamentale entre les deux sites.
livre-rare-book est en effet un site indépendant, fondé par un libraire Lyonnais, qui mutualise les fonds de 500 bouquinistes français et permet d’acquérir toute sorte de livres sans intermédiaire et sans commission. Pour chaque recherche les résultats donnent l’adresse, le téléphone et le mail de chaque libraire avec qui l’acheteur négocie directement. Les libraires paient juste une redevance mensuelle proportionnelle au nombre de fiches mises en ligne.
Mais ce site, qui propose 3,5 millions de livres, peine à s’imposer. Il a référencé plus de 500 libraires, et n’en compte plus aujourd’hui que 482, manifestement bousculé par les grosses machines, où l’on trouve bien souvent les mêmes ouvrages à un prix un peu plus élevé (de nombreux bouquinistes mettent leur fonds sur plusieurs sites et les grands opérateurs incluent leur commission dans le prix public).
Ceci est donc une petite pub gratuite pour livre-rare-book, où vous aurez outre le plaisir de lire des fiches à l’ancienne, extrêmement précises, la satisfaction de faire travailler d’authentiques professionnels, lesquels pour la plupart, seraient contraints de fermer boutique sans cette précieuse ressource. Et pour les visiteurs qui ne sont pas familiers des livres d’occasion, il est peut-être utile de rappeler qu’ils peuvent ainsi se procurer la plupart des titres en vente dans le commerce dans leurs éditions originales pour, en règle générale, un prix comparable à celui d’une édition de poche. Etant évidemment entendu que c’est la rareté qui fait le prix et qu’un Spirou de 1948 sera vraisemblablement plus cher que le Goncourt de l’an dernier.
Illustration : improbables librairies
Série d’été : ce billet a été publié une première fois en octobre 2013
Effectivement les catalogues de JLP trahissaient de joyeux emportements, mais un catalogue est un travail de forçat. Content malgré tout qu’il poursuive son activité.
Le contact d’Antoine est ici : http://mardidulivre.over-blog.com/pages/ANTOINE_DE_PERIER-3160131.html. Si vous avez une liste de recherches le mieux est de la lui faire parvenir par courrier (il reste allergique à internet), mais il répond volontiers au téléphone.
Je ne sais pas ce qu’est devenu Bellanger, qui est d’une autre époque pour moi.
Christophe de Lis tes ratures tient toujours, à ma connaissance, boutique devant le château des Ducs http://www.librairie-listesratures.com/ et reste une référence en bibliophilie sur la place.
Je vois M Court, que vous connaissez bien cet univers. Ravi si ces quelques informations peuvent vous être utiles.
Bonne journée
Bonjour
Je suis passé sur d’autres feuillets. JLP est pour moi le libraire aux coups de foudre et aux détestations également foudroyantes, ce qui rend ses catalogues parfois hilarants. A propos des Mélanges Donatien Laurent: “Le gratin de l’ethnologie y figure, donc Françoise M(Orvan) n’y est pas…
Malheureusement, il opte pour le net , et il ne sera plus possible de garder trace de cet esprit à la fois savant et caustique. Dernière victime en date, Régis Boyer via Dumézil pour son livre le plus faible: “Mr Régis Boyer vient encore de bénéficier d’une nouvelle illumination…”
Je regrette cet anticonformisme, en voie de disparition dans la confrèrie. Je tacherai d’aller voir Antoine de Périer. Je suppose qu’à défaut de portable et de net, il a du moins une boutique? Ou une adresse? Que devient Bellanger?Les seuls libraires Nantais que j’entrevois à Paris sont Lis Tes Ratures, mais cela fait bien deux ans que je ne les vois plus.
Bien à vous. Bonne soirée.
MCourt
PS
Pas encore lu, à propos de Féval, Le Mari embaumé, tome II des Mémoires d’un page. Manque le tome I. Il semble que Monsieur de Pardaillan y joue un role. Déconseille L’Hotel Carnavalet, lisible mais farci d’ineactitudes…A bientot
MCourt
Sur la Bretagne, je conserve un souvenir ému de Chateau Pauvre par vous conseillé M. Court.
Le meilleur spécialiste nantais de l’histoire de la Bretagne est, à ma connaissance, Jean-Louis Pressensé qui éditait par le passé de superbes catalogues. Il a fermé boutique à Nantes, mais, je viens de vérifier, il est présent sur Livre-rare-book http://www.livre-rare-book.com/c/b%2FPressense?l=en. en dépit d’une longue allergie au commerce en ligne. Cela étant est plus volontiers tourné vers la période médiévale.
L’autre référence nantaise est Antoine de Perier, qui possède sans doute le fonds le plus impressionnant de la place. Mais Antoine se refuse à commercer sur internet (il a déjà mis un temps fou à s’équiper d’un téléphone portable !). Il n’édite pas, non plus, de catalogue. Antoine est l’illustration vivante du fait qu’il reste des trésors cachés, impossibles à débusquer sans une relation singulière avec un libraire.
Un mot sur Les somnambules de Koestler. J’ai lâché la lecture après la – trop longue – biographie de Copernic. Cela dit mon fils, mathématicien, m’a dit le plus grand bien de l’ouvrage, et notamment du travail sur Kepler et Galilée, qui semble remettre en place quelques idées reçues circulant sur ces découvreurs (il y aurait notamment un malentendu historique sur Galilée). Je poursuivrai la lecture un jour ou l’autre.
Content de votre passage M. Court. Vous êtes évidemment le bienvenu ici.
Bonjour
Tout à fait d’accord sur ce point. On pourrait meme ajouter que c’est le seul site à ne pas etre encombré de mauvais reprints comme abebooks ou meme vialibri.
A propos de fiches à l’ancienne, j’en suis à garder certains catalogues papier. Le grand inconvénient des catalogues internet étant qu’il faut les détruire.
Intéressé par une période qui va des Guerres de Religion au XIXeme, je ne puis qu’etre intéressé par les catalogues annoncés. Je continue actuellement mes travaux sur la Bretagne et les hagiographies jésuites, par ailleurs.
Saluez Albert Camion de ma part!
Cordialement.
MCourt
et pourquoi ai-je écrit Gailly avec un “C”… ?
Je poursuis un peu avec votre ‘hors-sujet’ Elena. Je viens de lire successivement, Les Fleurs, Nuage Rouge de C.Cailly, et suis dans son Un soir au club. Je me faisais cette remarque : j’ai saisi successivement ces trois petits livres, comme on pioche dans un paquet de bonbons ouvert à côté de soi… certain qu’on est d’y retrouver le même goût, la même saveur, le même croquant, la même douceur, chopés dès la première seconde. Et qu’on ira au bout du paquet. Péché de gourmandise bien connu, en toute chose. Je me disais aussi qu’il n’y a dans ces pages ni analyse psychologique, ni description lyrique, mais que l’on est -ou pas- accroc à des dialogues, des échanges, des pensées rapides, si rapides qu’ils ne supportent ni la ponctuation ni même la syntaxe réglementaires, tout occupés qu’ils sont à saisir l’instantanéité de ce qui se passe, dehors, dedans. Que Cailly attrape les mots au vol et en fait des pensées, et non l’inverse. Je me disais que l’on peut aimer le jazz, et la musique romantique, Cailly et Gofette, je parle des contemporains. Et que le dimanche, à la fraîche (je parle de la température extérieure) on ne regrette pas d’avoir paressé, quelles que soient les ingratitudes de la journée à venir, les ingratitudes à venir dans la journée.
Hors sujet, je reviens sur la mort de Christian Gailly.
J’ai pensé à lui en relisant ces lignes de Georges Picard (auteur, dans un autre genre, que j’apprécie et dont on parle si peu) :
« Picasso pouvait se permettre de lancer sa trop fameuse boutade, “Je ne cherche pas, je trouve”, dans la mesure où il accordait assez d’esprit à ses interlocuteurs pour qu’ils ne la prennent pas au pied de la lettre […] La vérité, c’est qu’un artiste digne de ce nom ne trouve jamais, car un tel aboutissement sonnerait le glas de sa vocation. Un scientifique trouve ; pas un peintre, pas un cinéaste, pas un compositeur, pas un écrivain… Ceux-ci ne donnent que des œuvres inférieures à l’intensité du désir qu’ils y ont investi. C’est en cela que leur mort peut faire figure de farce incongrue, fermant à jamais un sens qui refuserait de se laisser réduire à un objet, qui s’échappait et rebondissait œuvre après œuvre dans une sorte de course indéfinie, brutalement figée et trahie par le gong final. »
Merci pour ces précisions Johann. Je connais une fan de Saint-Evremond qui pourrait être intéressée par ton catalogue. Quand il sera réalisé je me ferai un plaisir de le relayer ici.
Pour les recherches Elena, il faut prendre en compte le fait que le moteur de livre-rare-book est un peu moins souple que google et ne réagit pas aux associations trop compliquées de mots-clefs. Mais il offre la possibilité de recherches avancées avec différentes entrées.
Tu as raison Philippe de promouvoir cette plate-forme. En tant que bibliophile, elle m’a permis de récupérer des ouvrages difficiles à trouver. Il faut la privilégier dans les recherches de livres anciens. Néanmoins, par expérience, je sais qu’on trouve également sur Abebooks des choses bien intéressantes (mais qu’est-ce que c’est pénible, aussi, tous ces ouvrages en reprint ou en “impression à la demande” qui sont proposés sur ce site), car beaucoup de bouquinistes sont affiliés à ce site canadien depuis fort longtemps et sont d’excellents professionnels.
Par ailleurs, il est utile de préciser que livre-rare-book, auquel en effet environ 500 professionnels du livre ancien sont affiliés, dispose d’un annuaire international de plus de 4000 libraires de livres anciens et d’occasion qui est très utile, permettant des prises de contacts pour recevoir de merveilleux catalogues ou pour préciser des recherches difficiles…
J’en profite aussi pour faire ma petite pub puisque depuis quelques années, je suis “chercheur” de livres pour ceux qui n’en ont pas le temps, ou le courage, étant “spécialisé” sur la période révolutionnaire (1789-99) et la Fronde (1648-53) ; mais j’accepte toute mission… Pour ceux que cela intéresse, vous pouvez me contacter, j’ai des ouvrages en stock (je vais d’ailleurs prochainement rééditer un petit catalogue).
livre-rare-book est donc entré dans mes “marque-pages” (première recherche infructueuse, mais ce n’est qu’une première recherche) ; le principe me plaît.
Merci du renseignement, Philipppe !